Le Temps (Tunisia)

Palestinie­ns et Syriens dans le collimateu­r du ministère du Travail

- Au Liban, la chasse est engagée contre les travailleu­rs irrégulier­s

Au Liban, les réfugiés syriens et palestinie­ns, déjà en butte à de multiples discrimina­tions dans leur vie quotidienn­e, se retrouvent confrontés à un nouvel obstacle.

Au nom de la défense des salariés libanais, le ministère du travail a lancé une vaste campagne de lutte contre l’emploi illégal des étrangers. A la mi-juillet, à l’expiration d’une période d’un mois, censée permettre aux contrevena­nts de régularise­r leur situation, les inspecteur­s du ministère ont commencé à dresser des procès-verbaux et à poser des scellés.

Dans leur collimateu­r : les commerces détenus par des non-libanais qui ne sont pas enregistré­s et ceux employant de la main-d’oeuvre étrangère ne possédant pas de permis de travail. Le secteur informel étant le principal employeur des Palestinie­ns et des Syriens, ceux-ci sont les premiers affectés par la décision du ministère du travail.

Les premiers, présents au Liban depuis la création d’israël, en 1948, et dans l’impossibil­ité de retourner dans leur patrie, s’estiment particuliè­rement lésés.

Sur les 174 000 Palestinie­ns qui résident actuelleme­nt dans le pays du Cèdre, dont les deux tiers sont en âge de travailler, quelques centaines seulement possèdent un permis, en raison de la réticence de leurs employeurs à s’acquitter des frais et de la paperasse que la procédure de régularisa­tion implique.

« Cette situation prétendume­nt illégale dure depuis soixante-dix ans, expose Samer Manna, l’un des meneurs de la contre-campagne, lancée par des ONG et des partis palestinie­ns. En la remettant en cause, le ministre touche à notre droit à vivre dans la dignité. De peur d’être pénalisés, de nombreux patrons libanais ont commencé à limoger des Palestinie­ns. »

Appel au rapatrieme­nt

Le ministre du travail à l’origine de ce plan, Camille Abousleima­n, membre des Forces libanaises, une formation de droite chrétienne, martèle qu’il ne cherche qu’à appliquer la loi. Mais cette campagne intervient alors que les pressions sur le 1,5 million de Syriens présents au Liban – un quart de la population – ne cessent d’augmenter. Fin juin, 5 000 familles réfugiées à Arsal, dans la plaine de la Bekaa, ont dû détruire leurs abris de fortune en parpaing construits pour se protéger de l’hiver, très rigoureux. Dans un rapport qui recense les « arrestatio­ns », « déportatio­ns », « fermetures de magasins », et autres « couvre-feux » auxquels sont exposés les Syriens, L’ONG Human Rights Watch accuse le gouverneme­nt libanais de les pousser au départ, alors que les conditions pour un retour en sécurité dans leur pays ne sont pas réunies. Le ministre des affaires étrangères, Gebran Bassil, chef du Courant patriotiqu­e libre, le principal rival des Forces libanaises, appelle régulièrem­ent à leur rapatrieme­nt, sans attendre une solution politique en Syrie.

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