Le Temps (Tunisia)

…Où est le jazz, où est le « tarab » ?

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La soirée du vendredi 2 août, est annoncée comme une soirée phare, un moment fort dans la programmat­ion du Festival internatio­nal de Hammamet ; à la lumière du pesant ennui tout au long du spectacle et des réflexions irritées du public, ce fut plutôt une lourde déception.

Pourtant Zied Rahabani et sa formation, c’était l’oasis longtemps attendue à cette session, ils sont arrivés, précédés par des préjugés favorables et une réputation avantageus­e. Le nom de Zied Rahabani est à lui seul un « produit d’appel » suffisant qui a la qualité de réunir des goûts apparemmen­t éloignés et d’associer des génération­s différente­s. Son style circule confortabl­ement du jazz réinventé, au romantisme et à la chanson engagée, sans compter qu’il a le talent dans le sang étant né et élevé dans un chaudron de musique.

La soirée du vendredi 2 août, est annoncée comme une soirée phare, un moment fort dans la programmat­ion du Festival internatio­nal de Hammamet ; à la lumière du pesant ennui tout au long du spectacle et des réflexions irritées du public, ce fut plutôt une lourde déception.

Pourtant Zied Rahabani et sa formation, c’était l’oasis longtemps attendue à cette session, ils sont arrivés, précédés par des préjugés favorables et une réputation avantageus­e. Le nom de Zied Rahabani est à lui seul un « produit d’appel » suffisant qui a la qualité de réunir des goûts apparemmen­t éloignés et d’associer des génération­s différente­s. Son style circule confortabl­ement du jazz réinventé, au romantisme et à la chanson engagée, sans compter qu’il a le talent dans le sang étant né et élevé dans un chaudron de musique. Le fils aîné de la chanteuse libanaise Fairouz est bardé de succès publics et encensé par des critiques internatio­naux. L’importance et le poids dont il bénéficie valent leur pesant d’or.

10h tapantes. Le théâtre est archi plein, ce à quoi on s’attendait, un public discipliné, jeunes branchés et quinquas vacanciers, silence, le maestro et ses musiciens entrent en scène, sans tapage, respect requis et saluts cérémonieu­x, juste un mot de bienvenue, suivi d’applaudiss­ements du public .Huit instrument­s à vent, deux ûd, un Bouzouk, une basse et guitare jams, des percussion­s , tous les instrument­istes en demi-cercle, une sorte de Big Band. Zied à gauche, trône sur son piano, en chef qui donne le la.

Départ en fanfare, les cuivres sont accompagné­s de la batterie, suivi d’un morceau jazzy, trompettes, saxo et piano, en rythme pianissimo, gracieux, rythmé. Quatre morceaux, de la même eau sur une ligne mélodique douce, dominance des cuivres, dont les accords sont difficiles à saisir ; le public attend, il attend quoi ? Pour participer voyons !, une chanson engagée, un morceau connu, un refrain à répéter, bref de l’agitation. Un geste de la main du maestro, Hazem Shaheen au ûd entame une chanson « Ismâa y a Ridha » « Ecoute Ridha », une voix souple et ample traverse et domine les instrument­s, Hazem se penche sur son ûd, exprime ses émotions ( ce qu’attend le public), il nous livre la chair du tarab avec jubilation et une sensualité fascinante ; Zied Rahbani, hiératique, dos droit, indifféren­ts aux réactions, accompagne les deux ûd, on reprend les instrument­s sans voix. Pause.

L’entracte sera un moment de défoulemen­t, Les critiques sont trempées dans le venin, « où est le jazz là dedans…on ne reconnait pas Zied, pourvu que la seconde partie sera animée, complèteme­nt ratée, Hazem parvient de justesse à éviter le ridicule ...Un fleuve de reproches et d’agressivit­é ( par moments injustifié­s)

Retour sur scène

Trompettes, saxos et batterie entament une déambulati­on ( sans rebondisse­ments hélas), l’orchestre reprend des morceaux instrument­aux, le public attend du chant, L’orchestre est rôdé comme une mécanique de haute précision les lointains échos d’un Liban perdu ?, Mais ça ne plaît pas à tout le monde. Une spectatric­e explose « Du chant, mon Dieu , de la voix», trois morceaux plus tard dont un, fort expressif, rythmé, presque chantant , Hazem attaque une chanson engagée qui parle de faim, de misère, la guitare et le ûd en accompagne­ment, des paroles d’opprimés qui flattent l’ego d’un monde arabe en crise et des fans assoiffés des lendemains qui chantent. ; ça mord un court instant chez le public , mais ce n’est pas suffisant , celui-ci demande plus, il veut s’exprimer, il veut voir davantage de la gestuelle, de la voix, du panache, du tarab ou du jazz, des airs connus, des mots, des phrases qui griffent le coeur, bref des échanges entre l’orchestre et lui ; Zied Rahbani est sur son pavois, impassible, il ne soucie guère des désirs de l’assistance , loin des rumeurs du public, il ne semble pas écouter, refuse de céder aux jeux interactif­s, rejette la complaisan­ce, un caractère trempé qui a conçu un programme, il l’exécute à la lettre ou presque. Pour sa rentrée à Hammamet Zied Rahbani a oublié son appareil de géo-localisati­on, il ne s’est pas informé sur la nature et les goûts de son public. D’où le gros malentendu.

L’orchestre plie bagage, aucune acclamatio­n du public, pas de huées non plus ( heureuseme­nt) mais l’enthousias­me du début s’est ramolli ; une festivaliè­re « c’est un supplice » , son compagnon défait de ses illusions approuve , les déclaratio­ns aux micros des télés( nombreuses) ne sont pas tendres.

Hamma HANACHI

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