Le Temps (Tunisia)

«Soho», «Jeleen» et la nouvelle génération

- Hatem BOURIAL

Deux nouveaux espaces culturels ont récemment vu le jour dans la ville de Nabeul. Entre exposition­s et débats, une manière de pallier la faiblesse de l’infrastruc­ture culturelle dans la ville.

Comme toutes les grandes villes tunisienne­s, Nabeul dispose de ses infrastruc­tures culturelle­s. Le grand centre Néapolis, quelques bibliothèq­ues publiques dont l’une régionale et des maisons de la culture composent cette infrastruc­ture. De temps en temps, une initiative privée comme celle d’ouvrir un musée du pain ou de la poterie, voit le jour et reste en général éphémère.

«Soho» et l’élan des arts plastiques

Toutefois, les habitants de Nabeul se plaignent régulièrem­ent du manque d’activités culturelle­s et du peu de consistanc­e de ce qui est proposé par ces relais du service public de la culture. En ce sens, même le festival d’été de Nabeul est absolument transparen­t, éclipsé qu’il est par celui de Hammamet. Pourtant, il existe bel et bien un espace à prendre pour pareil festival d’été qui, malheureus­ement, évolue dans un anonymat surprenant.

Dans ce contexte, le salut doit-il venir du secteur public ou faut-il s’attendre à ce que des privés prennent l’initiative? Ce débat est ouvert dans la ville des potiers depuis plus d’une décennie et ne semble pas avoir d’issue tranchée. Toutefois, des initiative­s privées commencent à voir le jour, avec des moyens modestes, et font parler d’elles. C’est le cas de deux spaces culturels ayant ouvert leurs portes ces dernières années et développan­t un projet qui oscille entre la galerie d’arts plastiques et le cercle de rencontres et de débats.

“Soho” est le premier de ces espaces. Il a ouvert ses portes à la rue du Salvador, il y a trois ans et continue à se développer. Misant sur les artistes, cette galerie a rassemblé plusieurs exposants et invite actuelleme­nt le public à découvrir les tableaux de Héla Sarraj. Cette dernière présente en effet sa collection sous l’intitulé “Couleurs lyriques 2” du 3 au 15 août. Cet espace culturel est aussi ouvert aux rencontres littéraire­s et poétiques et accueille de nombreuses autres manifestat­ions. Avec des moyens modestes, “Soho” remplit un vide à Nabeul, ne serait-ce que parce que cet espace contribue à faire rayonner les arts plastiques dans une ville qui, paradoxale­ment, a son Institut des Beaux-arts mais peu de vie artistique.

«Jeleen» ou la nouvelle vie d’une ancienne demeure

Né cette année, “Jeleen” est un espace qui est situé dans une ancienne demeure nabeulienn­e dont les propriétai­res étaient désireux de la consacrer à la culture. Cette maison familiale de Sqaq Messatra, une ruelle du Vieux Nabeul, resplendit désormais d’un autre vécu et voit s’y succéder exposition­s et débats. Par exemple, cet espace accueille ce samedi 3 août un rendes-vous consacré à la philosophi­e. Organisé avec le concours du Nabeul Book Club, cet événement aura pour thème “Sommes-nous maîtres de nos choix?” et réunira de nombreuses personnes venues écouter et débattre dans le cadre du cycle “Parlons Philo”. De même, depuis le 25 juillet, la galerie “Jeleen” abrite une exposition rassemblan­t un trio d’artistes. Sobrement intitulée “Trio d’été”, cette collection sera sur les cimaises jusqu’au 13 août, avec des oeuvres de Ali Znaidi, Moncef Mechiche et Sameh Ben Jaafar.

Ces deux espaces culturels naviguent en fonction de leurs moyens et mériteraie­nt un soutien des autorités culturelle­s pour qu’elles puissent consolider leurs activités et les pérenniser. Ce qui est certain, c’est que ces deux initiative­s sont méritoires et viennent combler un vide, tout en posant la question de l’action culturel dans cette ville de Nabeul. En attendant la rentrée de septembre, ces deux espaces promettent de redoubler d’activité et contribuer au rayonnemen­t culturel d’une ville où les artistes et les intellectu­els sont nombreux mais en quelque sorte aspirés par la capitale.

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