Le Temps (Tunisia)

Le Pakistan veut recourir aux instances internatio­nales

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Le Pakistan veut porter la question du Cachemire devant les instances internatio­nales, a annoncé mardi son Premier ministre Imran Khan, au lendemain de la révocation par l'inde de l'autonomie constituti­onnelle de la partie du Cachemire qu'elle contrôle et qu'islamabad revendique. "Nous nous battrons contre cette (mesure) devant toutes les instances, y compris au Conseil de sécurité de L'ONU", a affirmé Imran Khan devant les parlementa­ires pakistanai­s, ajoutant que son gouverneme­nt comptait aussi saisir la Cour pénale internatio­nale.

La communauté internatio­nale doit impérative­ment se saisir de la question, sous peine de "sérieuses conséquenc­es", a par ailleurs averti l'ancien champion de cricket, arrivé au pouvoir il y a un an.

"Si le monde n'agit pas aujourd'hui (...) alors la situation atteindra un stade dont nous ne serons pas responsabl­es", a ajouté le Premier ministre du Pakistan, qui comme l'inde possède l'arme nucléaire.

Son discours faisait écho aux mots du chef d'état-major de la puissante armée pakistanai­se, le général Qamar Javed Bajwa, qui avait déclaré quelques heures plus tôt que les militaires soutiennen­t "fermement les Cachemiris dans leur juste lutte et jusqu'au bout".

"Nous sommes prêts et nous ferons tout pour remplir nos obligation­s", avait-il ajouté, d'après un tweet du porte-parole militaire Asif Ghafoor.

Cette déclaratio­n avait été faite au terme d'une réunion des principaux chefs militaires du pays à Rawalpindi, ville garnison contiguë à Islamabad où l'armée a son quartier général.

Ses participan­ts avaient "totalement soutenu" la position du gouverneme­nt pakistanai­s, qui s'oppose à la mesure indienne, a indiqué le général Ghafoor. "Le Pakistan n'a jamais reconnu les prétendus efforts de l'inde pour légaliser son occupation", a-t-il ajouté.

Environ 500 personnes ont manifesté en début d'après-midi à Muzaffarab­ad, la plus grande ville du Cachemire pakistanai­s. "Nous ne nous assiérons pas avant le retrait des troupes indiennes et tant que nous n'aurons pas acquis notre droit à l'autodéterm­ination", a lancé Abdul Qayyum, un protestata­ire. Des rassemblem­ents étaient aussi attendus à Lahore (Est), Karachi (Sud) et dans la capitale Islamabad.

Le gouverneme­nt indien a annoncé lundi la révocation de l'autonomie constituti­onnelle du Cachemire, une décision explosive qui vise à placer sous une tutelle plus directe de New Delhi cette région rebelle revendiqué­e par le Pakistan.

L'état du Jammu-et-cachemire (Nord) bénéficiai­t jusqu'alors d'un statut spécial garanti par la Constituti­on indienne. Il permettait à cette région de légiférer sur tous les sujets à l'exception de la défense, des Affaires étrangères et des communicat­ions. Le Pakistan, qui revendique le Jammu-et-cachemire depuis la partition avec l'inde en 1947, au terme de la colonisati­on britanniqu­e, a qualifié cette décision d'"illégale".

Cette mesure devrait exacerber la rébellion sanglante au Cachemire sous contrôle indien, qui a coûté la vie à plus de 70.000 personnes, principale­ment des civils, depuis 1989.

Elle devrait aussi renforcer l'animosité avec le Pakistan. Les deux voisins se sont déjà livré deux guerres pour ce territoire montagneux majoritair­ement peuplé de musulmans. En prévision de possibles troubles, les autorités indiennes avaient déployé ces dix derniers jours plus de 80.000 paramilita­ires supplément­aires dans cette zone déjà hautement militarisé­e. Elles ont aussi coupé les télécommun­ications, interdit les rassemblem­ents publics et arrêté trois hauts responsabl­es politiques du Cachemire indien pour éviter qu'ils ne "troublent la paix".

Alors que le Cachemire restait coupé du monde mardi, et qu'il était impossible de connaître la réaction de la population, les réseaux sociaux pakistanai­s étaient en ébullition sur le sujet. Le quotidien pakistanai­s en langue anglaise Dawn a titré mardi en Une: "New Delhi cesse de faire semblant et vole le statut spécial du Cachemire".

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