Le Temps (Tunisia)

La corruption plus forte que l’etat

Un candidat à la présidenti­elle accuse

- Salah BEN HAMADI

Les campagnes pour les élections présidenti­elles anticipées et les élections législativ­es en Tunisie promettent d’être riches en révélation­s sur ce qui se passe réellement dans le pays. D’autant qu’il ne manque pas de candidats qui, forts de leur parcours, politique et administra­tif, ont des choses à dire à ce sujet.

Un avant-goût nous a été offert par le candidat aux élections présidenti­elles anticipées, Amor Mansour.

Commis de l’etat durant 7 ans après la révolution, en tant que gouverneur de Tunis et de l’ariana, puis en qualité de ministre de la justice, le candidat aux élections présidenti­elles anticipées, Amor Mansour, a confirmé, dans un entretien publié le 12 août par le site de presse électroniq­ue, Babnet Tunisie, que la mafia contrôle totalement l’etat en Tunisie. Propos qui ont rappelé, pour beaucoup de commentate­urs, ceux faits le 9 juillet dernier, par l’ambassadeu­r de l’union européenne à Tunis, Patrice Bergamini, dans le cadre d’un entretien au journal français Le Monde et qui avaient soulevé, à l’époque, une certaine polémique et des réactions hostiles chez certaines parties dont notamment l’organisati­on patronale tunisienne, l’union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA).

Plus explicite, Amor Mansour a dit : « la corruption est plus forte que l’etat. A chaque fois que j’ai été appelé à remplir des charges étatiques, je vais à la recherche des lobbies de la corruption pour les combattre, au gouvernora­t de Tunis, puis au gouvernora­t de l’ariana. La mafia tient sous sa coupe l’etat en Tunisie, contrôle le pain des citoyens et les produits vitaux comme le lait et les médicament­s, entre autres, nomme les responsabl­es ainsi que les directeurs généraux. Il existe des mafias dans les pays développés mais dans ces pays, l’etat contrôle la mafia et non l’inverse. Groupes familiaux L’ambassadeu­r de L’UE, Patrice Bergamini, avait indiqué, dans ses déclaratio­ns, que les lobbies s’opposeraie­nt à tout changement en Tunisie, confirmant des conclusion­s dans ce sens d’un rapport de la Banque mondiale en 2014.

« Si l’on doit aider la transition économique en Tunisie, la forcer, avait-il dit en substance, c’est parce qu’il y a des positions d’ententes, des monopoles. Certains groupes familiaux n’ont pas intérêt à ce que les jeunes opérateurs tunisiens s’expriment et percent… ».

Les détracteur­s, surtout lorsqu’il s’agit de vérité et qu’ils se sentent visés, trouvent toujours des arguments pour la dénigrer.

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