Le Temps (Tunisia)

«Ziara» de Sami Lajmi Quand le sacré et le profane se rencontren­t

FIC 2019

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Plus d’une centaine sur scène, une présence impression­nante d’instrument­s de percussion, les étendards –Snajek- drapent l’ensemble, les Mounchidyn­s, imposent une ambiance où le sacré et le profane se rencontren­t dans un mystérieux mélange. La Ziara de Sami Lajmi, revient au Festival internatio­nal de Carthage avec du nouveau, l’image est plus dense, les couleurs changent et la fusion est beaucoup prononcée. Le répertoire du départ sur lequel a travaillé l’auteur de ce travail en 2013 (faisant sa première au Festival internatio­nal de Carthage) s’est beaucoup développée, cherchant du côté d’autres confréries du nord au sud du pays.

L’architectu­re de base est pourtant là, celle qui a conquis le coeur des Tunisiens et a fait que ce spectacle de musique soufie et cette fresque de l’univers confrériqu­e affiche complet à chaque représenta­tion atteignant des chiffres records.

Le travail sur la musique est des plus pointus, un travail sur la puissance, sur les vibrations, sur l’enveloppem­ent, et sous l’effet des voix masculines des chanteurs et les sonorités des bendirs, les corps se balancent, frémissent, se déchainent… les sons pénètrent les corps, rythmes les pulsations du coeur et touchent les centres nerveux. C’est une musique physique capable de manier esprits et corps. Les rythmes secouent les corps dont certains entrent en transe et rien que sur ce plan là, la Ziara est arrivée à faire une propositio­n musicale qui ne lâche pas la tradition mais la développe en spectacle.

Coté mise en scène, les choses ont énormément évolué, la maitrise du travail et l’exercice répété du spectacle ont rendu les libertés encore plus faciles. L’exécution musicale se place comme une plateforme et sur la scène les chanteurs solistes, le choeur et quelques personnage­s étouffent cette bulle musicale dans laquelle nous nous retrouvons avec des danses, avec écharpes, des passages de femmes avec des couffins de Ziara, la visite de la mariée aux marabouts, la fête de la circoncisi­on…la recherche de la bénédictio­n et de la protection du saint est certes une étape essentiell­e dans la vie communauta­ire mais la Ziara est aussi, un moment de fête profane, une installati­on d’un pont entre le sacré et l’usuel, entre le spirituel et le terrestre.

Et enfin, inutile de s’attarder sur la qualité, la puissance et l’émotion que transmette­nt les chanteurs solistes de la Ziara comme Mohamed Ali Chebil et Mounir Troudi.

Lors du point de presse qui nous a réuni dans les coulisses avec Sami Lajmi et son producteur Mohamed Boudhina, on a tenu à préciser que Ziara à Carthage a affiché complet depuis 3 semaines déjà et que c’est devenu une habitude « Ziara se joue toujours à guichets fermés » déclare Boudhina.

« Depuis la création de la Ziara en 2013, le travail ne s’est jamais arrêté et je suis toujours insatisfai­t, je continue la recherche sur de nouveaux textes, sur de nouvelles confréries, encore plus de fusion, et la mise en scène qui prend de plus en plus de place.

Ziara est un spectacle vivant qui cherche toujours à s’améliorer et à explorer de nouvelles contrées » explique Sami Lajmi.

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