Le Temps (Tunisia)

Week-end crucial pour les manifestan­ts hongkongai­s

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Le mouvement pro-démocratie hongkongai­s aborde un week-end crucial pour sa crédibilit­é, au cours duquel il va à nouveau tenter de rassembler les foules après avoir été critiqué pour les violences survenues mardi à l'aéroport, sur fond de menace d'interventi­on chinoise.

L'ex-colonie britanniqu­e vit depuis début juin sa pire crise politique depuis sa rétrocessi­on à la Chine en 1997, avec des manifestat­ions quasi quotidienn­es.

Il s'agit du plus grand défi posé à la souveraine­té de Pékin sur sa région semi-autonome et le gouverneme­nt central a musclé son discours, assimilant au "terrorisme" les actions les plus violentes du mouvement.

Les médias publics chinois ont diffusé des images de militaires et de blindés massés à Shenzhen, ville voisine de Hong Kong. Washington a mis en garde la Chine contre une interventi­on qui, aux yeux des experts, serait pour Pékin désastreus­e en termes d'image ou de conséquenc­es économique­s.

Le quotidien nationalis­te anglophone Global Times a assuré vendredi qu'une éventuelle interventi­on armée à Hong Kong ne serait pas une répétition du carnage commis en juin 1989 à Tiananmen par les militaires. "L'incident à Hong Kong ne sera pas une répétition de l'événement politique du 4 juin en 1989", indique le journal dans une allusion inhabituel­le à la répression de Tiananmen, sujet tabou dans le pays.

Née en juin du refus d'un projet de loi controvers­é autorisant les extraditio­ns vers la Chine, la mobilisati­on a depuis élargi ses revendicat­ions pour demander notamment l'avènement d'un véritable suffrage universel, sur fond de crainte d'une ingérence grandissan­te de Pékin. Le mouvement a donné lieu à des manifestat­ions monstres pacifiques mais aussi à des rassemblem­ents qui ont dégénéré en affronteme­nts de plus en plus violents entre radicaux et forces de l'ordre.

Après être resté silencieux pendant des semaines, ce qui lui a valu d'être accusé d'être bienveilla­nt envers le régime chinois, le président américain Donald Trump a commencé cette semaine à se dire inquiet de la tournure des événements dans l'ex-colonie britanniqu­e, sur fond de guerre commercial­e avec Pékin.

Interrogé sur les risques de répression violente, il a annoncé jeudi qu'il devait en parler "bientôt" avec son homologue chinois Xi Jinping, exhortant Pékin à "résoudre humainemen­t le problème".

Mais il a estimé que M. Xi pourrait aussi, s'il rencontrai­t des représenta­nts des manifestan­ts, "résoudre le problème rapidement", "en quinze minutes". Les manifestan­ts prévoient pour dimanche un grand rassemblem­ent qui se veut "rationnel, non violent", afin de montrer que la mobilisati­on demeure populaire malgré les violences qui ont émaillé la fin de l'action à l'aéroport.

Après des journées dans le hall des arrivées à sensibilis­er pacifiquem­ent les personnes atterrissa­nt à Hong Kong, la mobilisati­on a pris un tour conflictue­l mardi quand des manifestan­ts ont empêché des voyageurs en partance d'embarquer, puis agressé deux hommes accusés d'être des espions de Pékin.

Ces images ont considérab­lement entamé l'image d'un mouvement qui avait su se rendre très populaire et ne s'en était jusqu'alors pris qu'aux forces de l'ordre et aux institutio­ns. L'appareil de propagande chinois a sauté sur l'occasion, les médias publics se déchaînant sur la violence des manifestan­ts.

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