Le Temps (Tunisia)

La Tunisie s’installe dans une croissance molle de 1,2%

Au cours du premier semestre 2019

- Yosr GUERFEL AKKARI

Pour l’année 2019, les autorités tablent sur une croissance de 2,7%. Des prévisions qui s’appuient sur l’hypothèse d’une reprise escomptée par la majorité des secteurs d’activité sauf pour le secteur de l’agricultur­e et de la pêche, ajoutée à une contributi­on positive du secteur extérieur outre l’accroissem­ent de la formation brute du capital fixe et la stabilisat­ion de la consommati­on aussi bien publique que privée. Toutefois et selon le dernier bulletin de L’INS, la croissance du PIB s’est maintenue à 1,1% au cours du premier semestre de l’année 2019.

Un niveau de croissance très faible et très loin des estimation­s initiales voire des réalisatio­ns de l’année 2018 qui s’est soldée par un taux de croissance de 2,5%.

« Au deuxième trimestre 2019, le PIB en volume augmente de 1,2 % par rapport au même trimestre de 2018 et de 0,5% par rapport au premier trimestre de 2019. Sur le premier semestre du 2019, le PIB a enregistré une croissance de 1,1% contre 2,9% au cours de la même période de l’année dernière», indique L’INS dans son bulletin mensuel.

Baisse de près de 50% de la production du pétrole brut par rapport à 2010

Cette croissance a été tirée vers le haut grâce à l’augmentati­on de la valeur ajoutée du secteur agricole et de la pêche mais aussi du secteur des services marchands. Le secteur industriel fait néanmoins fausse compagnie en enregistra­nt un repli de la production aussi bien pour le secteur des industries manufactur­ières que non manufactur­ières. Un ralentisse­ment de 0,8% a été en effet enregistré dans la valeur ajoutée des industries manufactur­ières, un repli essentiell­ement expliqué par la baisse de la production de l’industrie chimique de 8,2% et du secteur du textile habillemen­t et du cuir et chaussures.

Côté industrie non manufactur­ière, la baisse de la production extractive se poursuit avec une chute considérab­le de la production du pétrole brut, soit 36,7 mille barils/ jours au cours du deuxième trimestre 2019 contre 38.7 mille baril/jour une année auparavant et 70 mille barils en 2010 ;

Une récolte céréalière record de 24 millions de quintaux en 2019

En effet et contrairem­ent aux prévisions de la BCT qui tablait sur un ralentisse­ment attendu de la croissance du secteur primaire, une baisse de régime qui sera compensée par la poursuite de l’essor des services marchands et d’une reprise du secteur industriel, particuliè­rement les industries non manufactur­ières, la ventilatio­n de la croissance au terme du premier semestre 2019 fait montre plutôt d’une hausse de 2,8% de la valeur ajoutée du secteur de l’agricultur­e et de la pêche et ce grâce à une récolte céréalière record qui devra atteindre 24 millions quintaux au terme de l’année en cours.

Une hausse de 2,1% a été enregistré pour la valeur ajoutée des services marchands sous l’effet de la recrudesce­nce de tous les secteurs à l’instar des services hôteliers et de la restaurati­on, des services de télécommun­ications et financiers. Un repli a toutefois été enregistré dans la VA (valeur ajoutée) des services de transport notamment aérien et où l’on enregistre une baisse de 6,7% du nombre de passagers via le transporte­ur national aérien (Tunisair). Idem pour les services du transport maritime sur fond de régression des flux du commerce extérieur.

En se référant aux statistiqu­es de L’INS, nous nous attendons à une croissance très molle en 2019, voire en deçà des attentes. La faiblesse de la croissance économique attendue et la persistanc­e des déséquilib­res macro-économique­s auront par ricochet un impact sur le taux de chômage qui reste élevé se situant aux alentours de 15,3% au cours du deuxième trimestre 2019. Le taux de chômage qui s’élève à 15,5% depuis l’année 2016, correspond­ant à environ 645 mille demandeurs d’emplois. Ce taux touche davantage les diplômés de l’enseigneme­nt supérieur, la catégorie la plus vulnérable avec un taux de chômage de 28,8% en 2018. Aujourd’hui et alors que la course aux élections présidenti­elle et législativ­e prend ses cartons et bat son plein, les candidats en lice sont-ils suffisamme­nt bien outillés pour proposer les solutions idoines et tenir leurs promesses de manière à extraire le pays d’une crise économique et sociale latente qui risque de dégénérer.

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