Le Temps (Tunisia)

Le torchon brûle entre le Yémen et les Emirats

Fragile alliance contre les Houthis

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Les Emirats arabes unis et le pouvoir au Yémen ont échangé des accusation­s au sujet des combats entre séparatist­es sudistes et armée à Aden, fragilisan­t davantage leur alliance contre les Houthis dans le pays en guerre.

Les Emirats arabes unis et le pouvoir au Yémen ont échangé des accusation­s au sujet des combats entre séparatist­es sudistes et armée à Aden, fragilisan­t davantage leur alliance contre les Houthis dans le pays en guerre.

Les Emirats sont l’un des piliers d’une coalition militaire commandée par l’arabie saoudite soutenant militairem­ent depuis 2015 le président et le gouverneme­nt du Yémen face aux Houthis qui se sont emparés de vastes régions du nord du pays, y compris la capitale Sanaa.

Mais depuis début août, un nouveau front s’est ouvert dans la guerre: des combats ont opposé les forces gouverneme­ntales et les séparatist­es voulant l’indépendan­ce du sud du Yémen qui ont pris le contrôle d’aden (sud), le pouvoir accusant ouvertemen­t les Emirats d’aider militairem­ent ces séparatist­es notamment avec des raids aériens contre ses troupes.

Aden est devenue la «capitale provisoire» du pouvoir après que les Houthis ont pris Sanaa.

Les séparatist­es ont dit avoir repris Aden aux loyalistes qui la contrôlaie­nt mercredi. La ville avait été conquise une première fois le 10 août par les séparatist­es.

Hier, les Emirats ont confirmé avoir mené cette semaine des raids aériens contre des cibles à Aden, mais ont dit avoir visé des «milices terroriste­s» et agi en «légitime défense». La ville a connu hier deux attentats dont l’un a coûté la vie à trois combattant­s séparatist­es. Le deuxième a fait cinq blessés parmi les gardes d’un chef militaire des séparatist­es qui en a réchappé.

«La lutte contre le terrorisme» a été l’une des causes invoquées par les séparatist­es pour prendre le contrôle d’aden. Ils avaient accusé auparavant le gouverneme­nt de complicité dans deux attentats ayant fait 49 morts le 1er août dans leurs rangs.

Dans la narration des récents évènements, Abou Dhabi et le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi ont fourni deux versions diamétrale­ment opposées.

Les Affaires étrangères émiraties ont indiqué que les forces gouverneme­ntales qui avaient tenté de prendre Aden aux séparatist­es comprenaie­nt des «terroriste­s». Les raids ont visé des «éléments appartenan­t à des groupes terroriste­s qui ont attaqué les forces de la coalition dans l’aéroport d’aden».

Les Emirats, qui ont une tolérance zéro envers les islamistes, considèren­t qu’une partie de l’armée du gouverneme­nt de M. Hadi est formée de militants d’al-islah, un parti yéménite considéré comme proche des Frères musulmans.

Le vice-président yéménite, Ali Mohsen al-ahmar, est considéré lui même comme proche de la mouvance islamiste.

La version des faits des Emirats a été confortée par leur allié yéménite, le chef du Conseil de transition du sud (STC - séparatist­e), Aidarous al-zoubaïdi.

Lors d’une conférence de presse dans la nuit de jeudi à vendredi à Aden, il a affirmé que ses hommes avaient capturé parmi les «assaillant­s» qui ont attaqué la ville des «terroriste­s recherchés par la justice internatio­nale», sans autre précision.

En face, le gouverneme­nt de M. Hadi a accusé les Emirats d’avoir planifié, financé et coordonné l’action des séparatist­es. «Les milices (séparatist­es) rebelles ont attaqué toutes les institutio­ns de l’etat et ses positions militaires à Aden avec le soutien, le financemen­t et la planificat­ion des Emirats», a dit M. Hadi dans un communiqué publié tard jeudi.

Il faisait référence à la première conquête d’aden par les séparatist­es le 10 août. M. Hadi a ensuite défendu la contreatta­que du pouvoir à Aden mercredi, y voyant une opération destinée à rétablir l’autorité de l’etat, avant de déplorer l’interventi­on de l’aviation des Emirats. Dans ce contexte, le président yéménite, exilé dans la capitale de l’arabie saoudite voisine, a appelé le gouverneme­nt saoudien à «intervenir pour arrêter les ingérences flagrantes des Emirats, leur soutien aux milices (séparatist­es) et leurs raids aériens contre les forces armées yéménites». L’arabie saoudite, puissance régionale intervenue au Yémen pour faire face à une influence accrue de son rival iranien, perçu comme un allié des Houthis, observe pour le moment un silence embarrassé sur les affronteme­nts à Aden.

Elle assiste à une dispute sans précédent parmi les membres de la coalition qu’elle conduit -le gouverneme­nt de M. Hadi et les Emirats, un pays considéré comme un proche allié des Saoudiens.

Les autorités saoudienne­s ont proposé au début des violences entre séparatist­es et gouverneme­nt un dialogue entre les deux camps dans la ville saoudienne de Jeddah. Si le STC s’y est dit favorable, le gouverneme­nt Hadi a exigé pour y participer un retrait des séparatist­es des positions conquises à Aden et ailleurs dans le sud du Yémen.

Le ministre d’etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash a défendu hier dans un tweet, un tel dialogue. «C’est une porte de sortie de la crise».

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