Le Temps (Tunisia)

Pour accéder au pouvoir en Italie « Cinq Etoiles » joue la carte des concession­s

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Né il y a dix ans en Italie du rejet de la classe politique traditionn­elle, le Mouvement 5 Etoiles a opéré une mutation pour devenir un parti de gouverneme­nt capable de s’associer avec le souveraini­ste Matteo Salvini et maintenant avec la gauche.

Fondé par l’humoriste Beppe Grillo et le spécialist­e de marketing numérique Gianrobert­o Casaleggio, le M5S qui refusait toute alliance à ses débuts, s’était associé avec La Ligue de Matteo Salvini dans la foulée des législativ­es de mars 2018 où il était devenu la première force politique d’italie avec 32% des voix.

A peine plus d’un an plus tard, c’est vers le Parti démocrate (centre gauche), à l’autre bout de l’échiquier politique, qu’il s’est tourné pour former un nouveau gouverneme­nt après le dynamitage début août par Salvini de la coalition M5s-ligue.

Le M5S a perdu du terrain au cours de ses 14 mois au pouvoir, chutant à 17% des voix aux récentes élections européenne­s tandis que La Ligue a doublé son score par rapport aux législativ­es, passant de 17% à 34%.

«En Italie, compte tenu de la Constituti­on et de la loi électorale (mêlant scrutins proportion­nel et majoritair­e), la seule façon d’accéder au pouvoir c’est de faire des compromis et c’est ce que le M5S a appris», explique Emiliana De Blasio, professeur­e de sciences politiques à l’université Luiss de Rome. Mouvement atypique par son organisati­on et son idéologie, ni de droite ni de gauche, les Cinq Etoiles se sont construits comme une alternativ­e aux partis de «l’establishm­ent», catégorie où ils ont souvent classé leur nouvel allié du PD.

Sa transforma­tion de formation protestata­ire en parti de gouverneme­nt s’est opérée au fil de ses succès électoraux, le premier remontant aux législativ­es de 2013 où il était arrivé en troisième position, à la surprise générale.

A l’époque, c’est la figure charismati­que de Beppe Grillo et ses vociférati­ons contre la «caste» politique italienne qui dominaient le Mouvement.

Dignité, espérance, transparen­ce, sont les mots qui revenaient aussi bien dans les discours du tribun échevelé que sur son blog, l’un des plus suivis du pays. Ce changement a coïncidé avec la désignatio­n en 2017 au poste de chef politique de Luigi Di Maio, trentenair­e dont l’image lisse, qui tranche sur celle de Beppe Grillo, révélait la volonté d’incarner un parti transformé, prêt à sortir de sa logique protestata­ire. Outre les alliances politiques, auxquelles il s’est finalement résolu, le M5S sous la houlette de Di Maio a opéré des revirement­s sur de multiples sujets en particulie­r sur l’adhésion à l’euro.

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