Le Temps (Tunisia)

Un démarrage en douceur et sans accroc

La campagne électorale pour le premier tour de la présidenti­elle s’est officielle­ment ouverte dans la nuit de dimanche hier, à minuit. La majorité des 26 candidats sont entrés en piste pour séduire les électeurs, entre meetings, campagnes d’affichage et

- Walid KHEFIFI

Doucement le matin et pas trop vite l’après-midi. Le démarrage de la campagne électorale a été globalemen­t lent, voire poussif dans certaines régions. Un détour par les endroits réservés à l’affichage des portraits et des programmes des candidats à Tunis suffit pour constater que seuls les candidats qui s’adossent à des partis structurés et ayant des machines électorale­s bien huilés ont réussi à entamer leur opération de charme dans les délais. Ainsi, sept candidats seulement ont collé leurs portraits et manifestes électoraux dans les différents endroits réservés par la municipali­té de Tunis à cet effet.

Plusieurs candidats ont néanmoins été très actifs sur le terrain. C’est notamment le cas du chef du gouverneme­nt et président du parti Tahya Tounes, Youssef Chahed, qui a préféré entamer sa campagne dans les quartiers populaires d’el Kabaria. Ce quadra a choisi la forme du «one man show» pour la conférence de presse de présentati­on de son programme, avec une mise en scène à l’américaine, modèle « Stand-up ».

Il a notamment mis en avant son expérience à la Primature et sa connaissan­ce des rouages de l’etat comme argument clef pour convaincre. «Mon expérience pendant trois ans au pouvoir m’a convaincue que la réforme est possible», a-t-il déclaré, estimant être parvenu à «réaliser plusieurs réussites à la tête du gouverneme­nt malgré les difficulté­s et le lourd legs de la Troïka». Concernant son programme électoral placé sous le slogan «une Tunisie plus forte», Chahed a notamment insisté sur une démocratie plus forte qui bannit la diffamatio­n et le blocage de la production et qui repose sur un Etat fort et un pouvoir fort ainsi que sur l’applicatio­n de la loi. Selon lui, l’etat doit céder plusieurs secteurs stratégiqu­es pour garantir des services de qualité avec des prix raisonnabl­es. Le chef du gouverneme­nt qui a délégué ses pouvoirs à l’un de ses ministres le temps de la campagne électorale a également promis de renforcer la police de proximité et les caméras de surveillan­ce pour lutter contre le vol et le harcèlemen­t ainsi que la modificati­on du système électoral pour faciliter la formation d’une majorité parlementa­ire capable de gouverner et la révision des mécanismes de levée de l’immunité des politicien­s impliqués dans des affaires de corruption.

Retour à la ville natale

Le président de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP) par intérim et candidat du mouvement islamiste Ennahdha, Abdelfatta­h Mourou, s’est, lui, payé le confort de coller ses affiches dans son quartier natal de Bab Souika à Tunis, en compagnie de son directeur de campagne, Samir Dilou. Le président du mouvement, Rached Ghannouchi, a quant à lui assuré l’ouverture de la campagne de Mourou dans les quartiers populaires de Sidi El Béchir, El Kabaria et Ezzouhour. Dans le même temps, des banderoles géantes arborant le portrait le slogan «Il est Tunisien, il me ressemble» ont été accrochées dans les principale­s artères de la capitale.

Abdelfatta­h Mourou, Rached Ghannouchi et Samir Dilou ont été ensuite reçu par secrétaire général de L’UGTT, Noureddine Taboubi. La rencontre, qui a porté sur la situation générale dans le pays ainsi que sur les élections, s’est déroulée en présence des membres du bureau exécutif de la centrale syndicale, Samir Cheffi, Naïma Hammami, Monéem Amira et Mohamed Ali Boughdiri.

Le candidat islamiste s’est ensuite dirigé vers la ville du Sfax, où il a tenu son premier meeting dans la soirée, tout comme son concurrent Moncef Marzouki. Le ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, a choisi un démarrage en douce, en participan­t au collage de son affiche et programme électoral dans différents quartiers et régions de Tunis. Il a ensuite effectué une tournée dans sa ville natale de Rejiche ainsi que dans d’autres délégation­s du gouverneme­nt de Mahdia comme Ksour Essaf et Boumerdès.

Pour débuter sa campagne, l’ancien maire de Tunis, Amor Mansour, a choisi le moyen le plus simple et le moins coûteux, en s’adressant directemen­t aux Tunisiens dans une vidéo publiée sur sa page officielle Facebook dans laquelle il a présenté son programme. De son côté le fondateur de Tayar El Mahabba (Courant de l’amour), Hachmi El Hamdi, est revenu à sa ville natale de Sidi Bouzid et plus précisémen­t de Régueb pour lancer sa campagne électorale. Dans un discours prononcé à la place des martyrs, ce candidat a appelé au boycott des partis représenta­nt le « système », tout en plaidant pour le rejet de toutes les lois contraires aux préceptes de l’islam, à l’instar de la loi sur l’égalité successora­le, ainsi que la sauvegarde des ressources naturelle, principale­ment, le pétrole, le gaz, le phosphate, le gypse et le marbre, et le développem­ent de l’agricultur­e dans toutes les régions.

Des bus à l’effigie des candidats

L’ancienne ministre et ex- directrice du cabinet présidenti­el Salma Elloumi a choisi les quartiers tunisois huppés de la Soukra, la Marsa et Carthage pour coller son affiche et son programme électoral. A contrario, plusieurs candidats ont préféré faire le déplacemen­t dans les régions intérieure­s du pays.

Le candidat du parti Al Badil Ettounsi, Mehdi Jomaâ, a entamé sa campagne à Bizerte pour mettre en exergue «la dimension symbolique de cette région dans la lutte nationale».

Dans un discours prononcé, place des arts, à Bizertenor­d, le candidat souligne la volonté d’oeuvrer au respect de la primauté de la loi et de son applicatio­n à tous. Evoquant son programme électoral, il met l’accent sur l’intérêt qu’il accorde à la recherche de solutions aux difficulté­s et aux problèmes sociaux, tels que le chômage et la migration irrégulièr­e.

Jomaâ a également appelé les électeurs à ne pas refaire les mêmes erreurs des élections de 2011 et 2014 et à choisir le plus apte à réaliser ses promesses. Lors de sa visite dans le gouvernora­t, Mehdi Jomaâ s’est rendu, à la localité d’oued Erroumi située entre Zarzouna et Menzel Jemil. Il a ensuite fait halte à Mejez El Bab pour rencontrer ses sympathisa­nts et les adhérents du parti Al Badil, avant de se diriger vers Béja pour tenir un meeting électoral. Ces divers déplacemen­ts ont été faits à bord d’un bus à l’effigie du candidat.

L’idée d’un bus arborant le portrait et les couleurs du parti du candidat a également trouvé preneur auprès de Mohamed Abbou (Courant Démocratiq­ue), qui a choisi la ville de Kairouan pour tenir son premier meeting à l’instar de son concurrent Néji Jalloul.

Pour sa part, le candidat du Front Populaire Hamma Hammami a choisi la ville déshéritée de Thala (gouvernora­t de Kasserine), qu’il a qualifié de «ville martyre» pour lancer sa campagne.

Saïd Aïdi (Beni Watani) a opté pour Tataouine. Le choix de Mohsen Marzouk (Machrou Tounes) s’est fixé sur Tozeur, tandis que les partisans du magnat de l’audiovisue­l Nabil Karoui, qui a été écroué le 23 août dans le cadre d’une affaire d’évasion fiscale et de blanchimen­t d’argent, ont préféré défendre les chances de leur candidat à partir de la ville de Gafsa.

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La campagne électorale pour le premier tour de la présidenti­elle s’est officielle­ment ouverte dans la nuit de dimanche à hier, à minuit. La majorité des 26 candidats sont entrés en piste pour séduire les électeurs, entre meetings, campagnes d’affichage et diverses manifestat­ions publiques pendant que d’autres restaient globalemen­t absents. Petit tour d’horizon.
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