Une leçon d’éthique politique en pleine présidentielle
Sans préjudice à l’égo de tous nos candidats à la présidentielle, la campagne se trouve réduite à un effet collatéral du terrorisme contre lequel le pays, civil et militaire, se bat, au péril de ses richesses vraies, ses hommes et femmes, mais surtout, plus grave, de sa démocratie encore balbutiante.
En ce matin du 2 septembre 2019, nos corps armés ont dû faire face à une nouvelle agression terroriste, y laissant un martyr et plusieurs blessés. A l’heure où nous nous mettons sous presse, les réactions des forces politiques en présence, les candidats aux élections de tous poils, le schéma n’a pas changé. De la rhétorique cache-misère, mais moins passionnée et moins emphatique cette fois, puisque le fléau ou phénomène du terrorisme semble s’être bien implanté chez nous, épousé le mouvement de notre vie, parmi nos faits divers faisant notre quotidien, et dessinant en pointillés notre avenir. L’opération de Haidra a été menée avec un savoir-faire technique indéniable, mais aussi avec des munitions de la dernière génération. C’est dire que la Tunisie n’est pas encore sur le carreau, et qu’elle sait faire le marché quand il le faut, et en suivant une approche dynamique quant à l’évaluation des menaces mutantes dans les montagnes et les déserts du pays. Une mise en pratique scrupuleuse de la lettre de l’hymne National de la Tunisie comme elle l’a toujours été. Têtue et ayant la tête suffisamment froide pour qu’aucune cible ne passe pour insaisissable.
De la technicité des médias
La gestion de l’opération sur les médias ? Un détail de la campagne électorale ? Un point d’honneur au processus démocratique en cours ? Une opération de loups isolés ? Cela ne changera rien à notre devoir à tous, de garder ces choses pour les corps armés eux-mêmes. Ceux-là mêmes que la Tunisie a et continue de former au prix de sacrifices inestimables. C’est dire que la morale et l’éthique du travail politique nous commande, de toute part, de faire preuve de la plus grande circonspection, et d’un minimum de retenue, facilitant par là le travail de notre armée, de notre Garde Nationale et de notre Police. Si une telle opération s’invite au débat électoral, il en serait fini avec l’intelligence et le bon sens qui ne cessent de caractériser le peuple tunisien et son Etat Indépendant. La révélation de la nationalité de deux des trois terroristes abattus plaide en ce sens. Selon le dernier communiqué du ministère de l’intérieur, la traque se poursuit, et nous ne sommes pas tenus de savoir où et comment. Tout le territoire est concerné. Tout le peuple. Toute la Tunisie. C’est à ce titre que se mesurera la maturité de nos candidats à la magistrature suprême, seule habilitée en vertu de la Constitution, l’actuelle, à en débattre, dans les conditions que requiert ce métier de la Sécurité et de la Défense. Sauf imprévu de dernière minute, cette agression armée contre le territoire et la souveraineté du pays sont ressenties différemment au sein des couches de l’opinion publique. Bien que n’étant pas un signe de santé, cette différence devrait être vite transformée en socle minimum d’unanimité sans faille, soit une union nationale où toute dissonance serait traitée en trahison, condamnable à tous les étages du pouvoir, des institutions, et de la société civile.
La présidentielle annonçant l’architecture de L’ARP
La campagne électorale peut donc continuer, avec ce surcroit de filtres qu’impose à l’électeur une actualité à la fois dure et complexe.
L’enjeu étant le poste de Président de la République, la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays seront les principaux filigranes à travers lesquels l’heureux finaliste sera jugé sans complaisance, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. C’est à ce titre que la Présidentielle définira les contours de la prochaine Assemblée des Représentants du Peuple. Les choix sont minces malgré la profusion, d’apparence, des candidatures.