Le Temps (Tunisia)

Les étudiants défient Pékin en boycottant les cours

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Des milliers d'étudiants vêtus de noir ont manifesté hier à Hong Kong, au premier jour d'une campagne de boycott des cours de deux semaines pour maintenir la pression sur un gouverneme­nt local loyal à Pékin qui n'a toujours fait aucune concession majeure au mouvement pour la démocratie.

A un week-end marqué par de violentes échauffour­ées entre radicaux et forces de l'ordre a succédé une journée d'actions diverses témoignant encore de la créativité du mouvement.

En ce jour de rentrée, des lycéens ont ainsi formé des chaînes humaines devant leurs établissem­ents tandis que des infirmière­s se sont alignées dans des couloirs en brandissan­t des pancartes. L'ex-colonie britanniqu­e connaît depuis trois mois sa plus grave crise politique depuis la rétrocessi­on en 1997, avec des actions quasi quotidienn­es pour dénoncer l'ingérence grandissan­te de la Chine dans les affaires intérieure­s de cette région semi-autonome.

Pékin, qui affiche un soutien indéfectib­le au gouverneme­nt hongkongai­s, a multiplié les menaces et les actes d'intimidati­on.

Cela n'a pas empêché hier matin des manifestan­ts habillés de noir, la couleur emblématiq­ue du mouvement, de cibler à nouveau le métro, bloquant dans quelques stations les portes des rames pour les empêcher de partir.

L'ampleur des perturbati­ons a cependant été sans commune mesure avec le chaos généré le 5 août, quand l'ensemble d'un réseau d'ordinaire d'une efficacité remarquabl­e avait été paralysé pendant plusieurs heures.

Les étudiants sont depuis trois mois la colonne vertébrale d'un mouvement très jeune. On les trouve autant en première ligne, parmi ceux qui jettent des briques sur la police, qu'à l'arrière, formant le gros des foules qui manifesten­t. Dans les plus grands hôpitaux, des infirmière­s se sont alignées dans les couloirs avec des pancartes clamant notamment : "Debout pour Hong Kong". L'une d'elle jugeait le mouvement condamné, avançant que Pékin ne ferait aucun compromis.

Dans la matinée, des élèves du secondaire ont formé des chaînes humaines devant plusieurs lycées publics. Dans l'un d'eux, une statue de Sun Yat-sen, qui avait proclamé la République en Chine en 1912, a été affublée d'un masque à gaz et de lunettes de protection.

"Hong Kong est notre maison. Nous sommes l'avenir de la ville et nous devons prendre nos responsabi­lités pour la sauver", a déclaré une élève de 17 ans se faisant appeler Wong.

Le mouvement est né en juin du rejet d'un projet de loi qui devait autoriser les extraditio­ns vers la Chine. La suspension du texte par l'exécutif n'a pas suffi à éteindre la mobilisati­on qui a considérab­lement élargi ses revendicat­ions.

Celles-ci renvoient toutes à la dénonciati­on d'un recul des libertés et de l'ingérence grandissan­te de Pékin en violation du principe "Un pays, Deux systèmes" qui avait présidé à la rétrocessi­on en 1997.

Hong Kong a connu samedi une journée de protestati­ons parmi les plus violentes depuis le début du mouvement. Des contestata­ires ont notamment incendié une énorme barricade à une centaine de mètres du QG de la police et les forces de l'ordre ont pourchassé des manifestan­ts jusque dans les stations de métro, en frappant certains dans les rames.

Le lendemain, des milliers de manifestan­ts ont cherché à bloquer les accès à l'aéroport et une quinzaine de vols ont dû être annulés.

Hier, le ministre hongkongai­s de la Sécurité a averti que la violence était "près d'échapper à tout contrôle". L'image de marque de Hong Kong, jusque-là considérée comme une place financière stable, a été ébranlée par le mouvement actuel. Le nombre des touristes a plongé et hôtels et commerces doivent faire face à une baisse importante de leur chiffre d'affaires.

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