Le Temps (Tunisia)

Boris Johnson menace d'exclure des députés de son camp

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Le Premier ministre britanniqu­e Boris Johnson a menacé d'exclusion les députés de son camp conservate­ur qui tenteraien­t de bloquer une sortie sans accord de l'union européenne, durcissant le ton à la veille d'une rentrée parlementa­ire qui s'annonce mouvementé­e.

Les députés reprennent aujourd’hui le chemin de la Chambre des Communes, où ils ne siègeront que quelques jours avant une suspension du Parlement la semaine suivante et jusqu'au 14 octobre, à deux semaines seulement du Brexit, le 31 octobre.

Cette suspension, annoncée la semaine dernière par Boris Johnson au motif qu'elle lui permettra de présenter un nouveau programme de politique intérieure, a provoqué l'indignatio­n des opposants à un "no deal" qui y voient une tentative de les bâillonner.

Ces derniers essaieront de légiférer dans l'urgence pour empêcher un départ sans filet de L'UE, en demandant un nouveau report de la date de sortie.

Afin de dissuader la vingtaine de conservate­urs tentés de voter avec l'opposition, Boris Johnson a prévenu que ceux-ci seraient expulsés du parti, une menace de purge qui faisait la Une de plusieurs quotidiens hier.

"Johnson est prêt à sacrifier sa majorité" au Parlement, qui ne tient qu'à une voix, avec le soutien du petit parti unioniste nord-irlandais DUP, soulignait le quotidien de gauche The Guardian.

Cet avertissem­ent du chef du gouverneme­nt alimentait les conjecture­s sur l'imminence d'élections législativ­es anticipées, une hypothèse balayée hier matin par un porte-parole du Premier ministre.

"Le Premier ministre ne veut pas qu'il y ait d'élection", a assuré hier ce porte-parole, insistant sur le fait que Boris Johnson était "entièremen­t focalisé" sur la mise en oeuvre du Brexit le 31 octobre, conforméme­nt à la volonté des 52% de Britanniqu­es qui ont voté pour quitter l'union européenne à l'occasion d'un référendum en 2016. Le chef du gouverneme­nt a répété que son pays sortirait de L'UE à la date prévue, qu'il y ait ou non un compromis avec elle. Selon ce porte-parole, Boris Johnson a fait des "propositio­ns raisonnabl­es" qui ont fait l'objet de discussion­s avec Bruxelles pendant les vacances parlementa­ires. David Frost, un conseiller du chef du gouverneme­nt, doit en outre se rendre dans cette ville cette semaine.

"Il serait tout à fait déraisonna­ble pour les députés (...) de tenter de lier les mains du Premier ministre alors qu'il essaie de négocier un accord qu'ils puissent soutenir avant le sommet européen d'octobre" à Bruxelles, a déclaré le porte-parole.

Boris Johnson devait recevoir tous les députés tories hier soir. Selon une source à Downing Street, il aurait réuni aussi les membres les plus importants de son gouverneme­nt pour discuter de la stratégie à suivre.

De son côté, le chef du Labour, le principal parti d'opposition, Jeremy Corbyn, a appelé au rassemblem­ent pour éviter un "no deal" hier dans un discours à Salford (nord-ouest). "Nous travaillon­s avec d'autres partis pour faire tout ce qui est nécessaire afin d'éloigner notre pays du précipice", a-t-il expliqué, ajoutant : "Cette semaine pourrait être notre dernière chance".

Il continue de laisser ouvertes toutes les options, y compris une motion de censure contre le gouverneme­nt, et soutient l'organisati­on d'élections législativ­es "pour que les gens décident de leur avenir".

En attendant la rentrée parlementa­ire, le gouverneme­nt a entamé ce weekend une grande campagne d'informatio­n dans le but d'inciter les entreprise­s et les particulie­rs à "se préparer pour le Brexit", site internet à l'appui expliquant aux Britanniqu­es et aux ressortiss­ants de L'UE les problèmes auxquels ils pourraient être confrontés. Une sortie sans accord de L'UE semble désormais le scénario le plus probable, le négociateu­r de L'UE, Michel Barnier, confiant dimanche ne pas être optimiste sur la possibilit­é d'éviter ce scénario dans une tribune au Sunday Telegraph.

M. Barnier a exclu de renégocier l'accord de divorce avec le Royaume-uni conclu par l'excheffe du gouverneme­nt Theresa May avec L'UE et rejeté trois fois par le Parlement britanniqu­e.

Boris Johnson souhaite délester de cet accord le dispositif du filet de sécurité irlandais (ou "backstop") visant à empêcher le retour à une frontière physique entre la province britanniqu­e d'irlande du Nord et la République d'irlande.

Cette dispositio­n prévoit que le Royaume-uni tout entier resterait dans une "union douanière" avec L'UE faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoir­e.

Mais selon le Guardian, le gouverneme­nt n'a toujours pas présenté de solution alternativ­e pratique au "backstop".

Outre le Parlement, la bataille contre le "no deal" se jouera aussi cette semaine dans les tribunaux, avec des audiences en Ecosse et à Londres, et dans la rue, avec de nouvelles manifestat­ions.

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