Quelques points positifs et beaucoup d’insuffisances
Rentrée des établissements éducatifs de la petite enfance :
Malgré les efforts d’amélioration déployés, ces trois dernières années, par le ministre de tutelle, le secteur de l’enfance, et plus particulièrement celui de la petite enfance, en Tunisie, continue de faire face à diverses insuffisances.
Lors d’un point de presse tenu, jeudi 5 septembre 2019, et consacrée à la rentrée 2019/2020 des établissements éducatifs de la petite enfance, la ministre de la femme, de la famille, de l’enfance et des séniors, Mme Néziha Lâabidi, en charge du dossier, durant toute cette période, l’a admis. Elle a signalé que seulement 38% des enfants tunisiens bénéficient des services des jardins d’enfants, alors que les crèches n’accueillent guère plus de 1,6%.
Il est vrai que le taux des enfants fréquentant les jardins d’enfants en 2016 ne dépassait pas 32%, mais, autre point faible relevé par la ministre et qui, non seulement persiste, mais a tendance à s’aggraver, concerne le coût élevé d’inscription dans les jardins d’enfants qui atteint, dans certains cas, 700 dinars par mois, a-t-elle dit. Et comme le coût est souvent en rapport avec la qualité des services, le large éventail appliqué dans ce domaine illustre qu’il y a dans notre pays une éducation de la petite enfance à plusieurs vitesses.
Or, l’intervention régulatrice du secteur public reste faible. Sur les 4600 jardins d’enfants opérationnels en Tunisie, 4219 appartiennent aux privés, contre 52 dirigés par des municipalités, 24 par des ministères et 305 par des associations.
Les programmes et les méthodes d’éducation ne sont pas non plus uniformisés et au niveau ambitionné. D’après les programmes du ministère, cette uniformisation est prévue, justement, à partir d’octobre de cette année éducative 2019/2020. Annoncée depuis quelques temps, la révision du guide des procédures relatives à l’ouverture des établissements éducatifs de la petite enfance attend toujours et devrait démarrer en octobre 2019. Néanmoins, le tableau comporte quelques points positifs dont l’annonce de la mise en place d’une plateforme informatique d’inspection à distance des établissements éducatifs de la petite enfance, notamment les jardins d’enfants. On signale aussi la publication de la liste nominative des jardins d’enfants autorisés par le ministère dans l’ensemble du territoire national, car, certains profiteurs des deux sexes ont toujours recours, et un peu partout, à l’exploitation de jardins d’enfants anarchiques et clandestins avec tous les risques que de tels espaces comportent pour les enfants. Les parents sont donc avertis.
Hommage
Autre point positif, la mise à la disposition des cadres diplômés de l’institut de formation des cadres de l’enfance, de quelques 50 nouveaux espaces, clefs en main, dans diverses spécialités relevant des compétences du ministère, que ces cadres peuvent exploiter en tant que projets économiques pour leur propre compte, en s’associant à cet effet, notamment dans le cadre du programme « Raïda » (entreprenante) ouvert aux femmes et bénéficiant de soutiens financiers publics sur le budget du ministère. La suspension des recrutements dans la fonction publique empêche l’exploitation directe par le ministère de ces nouveaux espaces.
La Tunisie reste pourtant un des pays avancés en ce qui concerne la protection des droits de l’enfance. Dans le classement mondial de 2017 en la matière, elle occupe le 14ème rang sur 165 pays. Aussi la capitale Tunis a été choisie pour être capitale mondiale de l’enfance sans châtiment corporel en 2020.