« Je pense que le protectionnisme va ouvrir de nouvelles opportunités d’investissement »
Mohamed Lotfi Mraïhi, parti de l’union populaire républicaine « UPR » :
Les affaires socio-économiques en Tunisie figurent à la tête des priorités. Nul doute que le passage démocratique ne pourra s’achever, sans que la transition économique ne soit accomplie. Bien entendu, chaque candidat à la Présidence de la République aura, certainement, une vision future dressant une batterie de propositions dont l’objectif est de rétablir l’etat fort, et de faire sortir le pays des problèmes économiques.
• « La corruption touche tous les domaines et nécessite un traitement vigoureux, qui se base sur une application de la loi avec une tolérance zéro ».
• « Je compte sur le changement du modèle économique pour dégager les fonds nécessaires à l’action diplomatique. Ceci étant dit la diplomatie économique n’a de sens, que si elle vient en soutien à une production diversifiée et concurrentielle ».
• « Si je suis élu, j’ai une proposition de loi urgente que je ferais passer dans les 100 premiers jours. Elle est d’ordre économique et concerne des mesures de «TVA sociale» sur laquelle se base « le protectionnisme sectoriel » que j’appelle de mes voeux ».
Les affaires socio-économiques en Tunisie figurent à la tête des priorités. Nul doute que le passage démocratique ne pourra s’achever, sans que la transition économique ne soit accomplie. Bien entendu, chaque candidat à la Présidence de la République aura, certainement, une vision future dressant une batterie de propositions dont l’objectif est de rétablir l’etat fort, et de faire sortir le pays des problèmes économiques. Le rôle du Président de la République est primordial afin d’assurer l’etat moderne et l’économie saine. Mohamed Lotfi Mraïhi, secrétaire général de l’union Populaire Républicaine (UPR), a déposé sa candidature à la présidentielle tout en soulignant dans une déclaration récente, que sa candidature n’était pas fortuite, et qu’il la préparait depuis environ quatre ans. Sous le slogan : « La voix de la raison », Mraïhi est aujourd’hui candidat pour la course de la Présidence 2019 portant le numéro cinq. Il nous livre plus de détails sur son programme et sa vision future socio-économique.
• Question : Comment composer avec le dossier de la corruption ?
Mohamed Lotfi Mraïhi : Notre société est rongée par la corruption qui, après la révolution a pris des dimensions inquiétantes. Elle touche à tous les domaines et nécessite un traitement rigoureux qui se base sur une application de la loi avec une tolérance zéro. Souvent la grosse corruption sévit sous la couverture et la protection de certains partis politiques sous forme de privilèges, de délits d’initiés et de passe-droit qui s'inscrivent dans un renvoi mutuel d'ascenseur. L’allégement des procédures et l’adoption des déclarations faites sur l’honneur peuvent épargner au citoyen la corruption de tous les jours qui envenime la vie de nos concitoyens.
• Concernant les entreprises publiques déficitaires, êtes-vous pour la privatisation ? Le cas contraire, quel est votre approche à ce propos ?
Les entreprises publiques sont déficitaires, car souvent elles ont été exploitées comme une solution pour caser ou récompenser des militants du parti au pouvoir ou leurs parents. Leurs caisses ont été ruinées pour servir des actions sociales ou politiques électorales. C’est la mainmise politique et son ingérence qui est à l’origine du déséquilibre financier et de gestion qu’elles rencontrent. Je pense qu'une action d’assainissement vigoureuse et courageuse est de nature à les sauver et les préserver. D’ailleurs, si elles n’étaient pas viables et lucratives pensez-vous que le secteur privé s’y intéresserait ? Je ne vois pas pourquoi je dépouillerai la communauté nationale de ces entreprises qui opèrent souvent dans des secteurs stratégiques pour en faire don aux privés. • L’investissement reste le moteur de l’économie nationale, quelle est votre stratégie future à entrevoir ?
L’investissement est en panne car les opportunités d'investissement font défaut. La déferlante des biens de consommation ne laisse que peu de place à des créneaux d’investissement d’autant plus que la compétitivité tant au niveau du prix que de la qualité est en berne. Je pense que le protectionnisme va ouvrir de nouvelles opportunités d’investissement. En effet, en reportant l’offre interne sur une demande interne, les entreprises feront face à une augmentation de la demande qui les obligera à investir et à créer de l’emploi. • Comment évaluez–vous la diplomatie tunisienne en général ? quel est votre plan d’action concernant la diplomatie économique en particulier ?
La diplomatie tunisienne malgré son historique et la qualité de notre staff diplomatique tant au niveau du savoir-faire que du dévouement souffre d’un manque de moyens mis à sa disposition pour s’acquitter au mieux de sa tâche. L’état de nos finances publiques non seulement a freiné le déploiement de représentations diplomatiques de par le monde mais également limité la prestation des représentations en place.
Je compte sur le changement du modèle économique pour dégager les fonds nécessaires à l’action diplomatique. Ceci étant dit, la diplomatie économique n’a de sens que si elle vient en soutien à une production diversifiée et concurrentielle. Or, le constat est que nous devons d’abord consolider notre appareil de production et le diversifier. • Quelles sont les principales réformes que vous comptez entreprendre au cas où vous accédez à la Présidence ?
Si je suis élu, j’ai une proposition de loi urgente que je ferais passer dans les 100 premiers jours. Elle sera d’ordre économique pour faire adopter les mesures de « la TVA sociale » sur laquelle se base « le protectionnisme sectoriel » que j’appelle de mes voeux. Ceci pourra donner une compétitivité à nos entreprises tunisiennes en termes du coût de production, du coût de prix de vente et pour amener la demande locale à se diriger sur une offre locale. Il en dépendra la relance de l’économie et toutes les réformes qui nous attendent dans les secteurs régaliens de l’etat.
Ma deuxième proposition de loi sera d’un caractère constitutionnel. C’est une participation législative citoyenne, éventuellement avec un droit de révocation. Je me pencherai sur la moralisation de la vie politique avec notamment son financement et le rôle des médias. Dans ce même ordre d’idées, il faudra débattre d’un amendement de la constitution pour faire place à la démocratie participative. La troisième proposition touchera à l’information et aux médias, je voudrais consolider la HAICA pour qu’elle soit beaucoup plus représentative. Je voudrais constituer un corps parallèle qui est « un comité d’éthique ».
Enfin, il n’est point de souveraineté nationale sans l’annulation des permis d’exploitation de nos ressources naturelles, surtout quand il s’agit de concessions accordées du temps du protectorat, ou sur laquelle plane une suspicion de corruption.
Entretien conduit par Khouloud AMRAOUI