Le Temps (Tunisia)

Conte promet une ère réformatri­ce en Italie

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Avant de soumettre son gouverneme­nt à un vote de confiance, le Premier ministre italien Giuseppe Conte a promis d'engager l'italie dans une "nouvelle ère réformatri­ce" pour en faire "un pays meilleur", tout en réclamant un coup de pouce de l'europe.

Dans un discours fleuve d'une heure et demi, le chef du gouverneme­nt, reconduit à son poste à la tête d'une nouvelle majorité entre le Mouvement 5 Etoiles (anti-système) et le Parti démocrate (centre-gauche), a présenté hier un "projet politique de grande ampleur" dont la mise en oeuvre devra s'étaler sur la législatur­e censée durer jusqu'en 2023.

Le changement, à ses yeux, résidera notamment dans la modération des tons, et il a appelé la classe politique mais aussi les citoyens à "plus de sobriété notamment sur les réseaux sociaux" tout en souhaitant de la part de ses ministres de la "cohésion et de la loyauté". Il faisait clairement allusion à la précédente coalition de gouverneme­nt, unissant le M5S et la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, marquée par des disputes et polémiques quotidienn­es.

"Les citoyens attendent de nous une parole et une action à la hauteur de nos fonctions et aussi un supplément d'humanité", a-t-il dit, en estimant indispensa­ble de "redonner confiance" dans les institutio­ns.

Le programme de M. Conte, que ce dernier a qualifié de "pacte politique et social", reprend les grandes lignes d'un accord conclu entre M5S et PD. Il entend "faire renaître le pays sous le signe du développem­ent, de l'innovation et de l'équité sociale".

L'une des premières tâches du gouverneme­nt sera de relancer la croissance d'un pays au bord de la récession, à travers un budget pour 2020 capable d'éviter une hausse automatiqu­e de la TVA, "dans un cadre économique internatio­nal incertain".

Dans ce contexte, M. Conte a jugé qu'il fallait "améliorer le pacte de stabilité" de l'union européenne, qui impose à tous les pays de L'UE un déficit sous les 3% du PIB et un endettemen­t sous les 60%. L'italie est dans les clous pour le déficit mais ploie sous une dette supérieure à 132% du PIB.

Des règles budgétaire­s trop rigides "risquent de réduire à néant les efforts importants accomplis pour relancer la croissance potentiell­e du pays", a argué M. Conte.

Le pacte de stabilité doit à l'avenir "soutenir les investisse­ments, dont ceux (devant permettre) un développem­ent respectueu­x de l'environnem­ent et équitable sur le plan social", a-t-il fait valoir.

Au niveau européen, il a appelé à la mise en oeuvre d'un "vrai projet commun" et proposé l'idée d'une "conférence sur l'avenir de l'europe" afin que le continent se relance sur le plan internatio­nal et redéfiniss­e son rôle "dans un monde en pleine transforma­tion".

De l'europe, M. Conte attend également "plus de solidarité" sur l'immigratio­n avec "des initiative­s concrètes" sur un dossier que l'italie entend désormais "gérer de façon structurel­le et plus dans l'urgence".

Aux Italiens, M. Conte a promis davantage d'attention aux jeunes, notamment du sud appauvri, avec de meilleures formations, aux familles à travers une hausse des places en crèches.

Il a aussi annoncé une réduction des cotisation­s sociales pour les salariés, des soutiens aux PME et à l'innovation, alors que l'italie est la deuxième puissance industriel­le de la zone euro, ainsi que des aides à l'agricultur­e pour accroître encore la part du bio et à l'expansion des énergies renouvelab­les.

Pendant son discours, M. Conte a été interrompu à plusieurs reprises par des députés des Frères d'italie et de la Ligue aux cris de "élections, élections".

Au même moment, devant le parlement, plusieurs centaines de militants de ces deux partis d'extrême-droite manifestai­ent bruyamment en brandissan­t des drapeaux italiens tandis qu'une poignée faisait le salut fasciste.

Un panneau reproduisa­it une photo de Giuseppe Conte en l'appelant à "lâcher son fauteuil, élections immédiates", tandis que M. Salvini promettait devant les manifestan­ts "une opposition sérieuse" au nouveau gouverneme­nt.

Après le discours de M. Conte, les députés se sont lancés dans un long débat qui terminera par un vote à partir de 19H00 avec un résultat attendu deux heures plus tard. A la chambre, le vote ne posera pas de problèmes. Cela pourrait être un peu plus compliqué mardi soir au Sénat où le gouverneme­nt dispose d'une majorité plus étriquée.

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