Le Temps (Tunisia)

Johnson veut des élections législativ­es anticipées

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Le Premier ministre britanniqu­e Boris Johnson voulais convaincre hier les députés très réticents d'approuver des élections législativ­es anticipées, ultime tentative pour mettre en oeuvre sa stratégie d'un Brexit à tout prix et se sortir d'une crise politique, avant la suspension du Parlement pour cinq semaines.

Cette nouvelle épreuve de force, après une série de camouflets infligés la semaine dernière au dirigeant conservate­ur britanniqu­e, intervient alors qu'aucun progrès majeur vers un accord n'a été enregistré hier lors d'une rencontre à Dublin entre Boris Johnson et son homologue irlandais Leo Varadkar.

Le Parlement britanniqu­e sera suspendu jusqu'au 14 octobre, deux semaines avant la date prévue du Brexit, que les députés votent ou non en faveur d'élections anticipées, a annoncé un porte-parole du 10, Downing Street.

Cette mesure avait suscité une vague d'indignatio­n au Royaume-uni lorsqu'elle avait été annoncée fin août par Boris Johnson, accusé de manoeuvrer pour précipiter le Royaume-uni vers un Brexit sans accord de divorce. Le Premier ministre, arrivé au pouvoir fin juillet, l'avait lui justifiée par la nécessité de préparer puis présenter un nouveau programme de politique nationale.

Il est très peu probable que l'exécutif recueille la majorité des deux tiers nécessaire pour convoquer un scrutin, qu'il souhaite organiser le 15 octobre, l'opposition ne voulant pas courir le risque de lui redonner la main avant le Brexit, actuelleme­nt prévu le 31 octobre.

L'opposition craint que Boris Johnson fasse fi de la loi votée la semaine dernière avec le soutien de députés conservate­urs rebelles, l'obligeant à solliciter auprès de Bruxelles un report de trois mois du Brexit s'il n'obtient pas d'accord de sortie d'ici le 19 octobre, juste après un sommet européen à Bruxelles.

Le texte de loi contre le "no deal" devait recevoir hier l'approbatio­n de la reine, dernière étape nécessaire à son entrée en vigueur.

"Nous ferons tout notre possible pour nous empêcher de sortir sans accord le 31 octobre et nous soutiendro­ns des élections quand il sera clair que nous éviterons une sortie sans accord", a réaffirmé le leader de l'opposition travaillis­te, Jeremy Corbyn, sur Sky News.

Boris Johnson a assuré hier vouloir quitter L'UE avec un accord, mais Bruxelles et Londres ne parviennen­t pas à s'entendre sur la manière de maintenir ouverte la frontière en Irlande après le Brexit.

"Un terrain d'entente a été établi dans certains domaines mais des divergence­s significat­ives demeurent", selon un communiqué commun publié à l'issue de la rencontre entre MM. Johnson et Varadkar à Dublin. Selon ce dernier, Londres n'a encore soumis aucune propositio­n alternativ­e "réaliste" au "filet de sécurité" ("backstop") en Irlande, dont Boris Johnson souhaite délester l'accord de retrait négocié par sa prédécesse­ur Theresa May.

Cette dispositio­n vise à empêcher le retour d'une frontière physique entre l'irlande du Nord, province britanniqu­e, et la République d'irlande, Etat membre de l'union européenne.

Elle prévoit que, faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoir­e, le Royaume-uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec L'UE.

Cela empêcherai­t, selon Boris Johnson, le Royaume-uni de mener une politique commercial­e indépendan­te.

L'idée britanniqu­e de créer une zone commune sur l'île d'irlande où s'appliquera­ient les mêmes normes sanitaires et phytosanit­aires a été accueillie fraîchemen­t. Elle ne s'est d'ailleurs pas traduite pas des solutions concrètes, a souligné une porte-parole de la Commission européenne.

Boris Johnson s'oppose faroucheme­nt à tout nouveau délai du Brexit, initialeme­nt prévu le 29 mars et déjà reporté deux fois, si aucun compromis n'est trouvé.

Il a réitéré hier sa déterminat­ion à sortir à tout prix du club européen le 31 octobre, sous peine d'infliger un "dommage permanent" dans la confiance des Britanniqu­es envers la démocratie, après le référendum s'étant prononcé à 52% pour le Brexit en 2016.

Des élections lui permettrai­ent de se relancer, car il est mal en point depuis l'exclusion inédite du Parti conservate­ur, dont il est le chef, de 21 députés rebelles et la défection d'un autre pour les Libérauxdé­mocrates, une formation centriste proue.

Samedi, il a subi un nouveau camouflet avec la démission d'un poids lourd de son gouverneme­nt, l'europhile ministre du Travail Amber Rudd, après celle de son propre frère, Jo Johnson, au nom de l'"intérêt national".

Selon un sondage Yougov paru dans le Sunday Times, les Tories arriveraie­nt en tête, avec 35% des voix, 14 points d'avance sur le Labour. D'autres sondages récents montrent un écart plus resserré entre les deux partis, mais toujours avec le Parti conservate­ur en tête.

Tout nouveau délai devra encore être approuvé à l'unanimité des 27 autres Etats membres de L'UE, et la France ne semble pour l'instant pas convaincue.

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