Pourquoi pas lui ?
L’ISIE a accordé à la chaîne « El-hiwar » l’autorisation d’interviewer Nabil Karoui, répondant ainsi à une demande de l’avocat de la chaîne. Une source judicaire aurait rétorqué que l’instance en question n’était pas habilitée à délivrer pareille autorisation. Soit. Que le ministère de tutelle accède à la requête du média en question, pour que le candidat à la présidentielle –puisqu’il est toujours dans la course, combien même il serait derrière les barreaux- puisse avoir sa chance comme tout le monde, et puisse s’exprimer. C’est élémentaire. Le priver de son droit à la parole c’est se montrer extrêmement partial dans le traitement des candidats. C’est aussi démontrer, si besoin est, que son renvoi derrière les barreaux est, effectivement, partie liée avec une «popularité» qui gêne aux entournures. Une popularité qui l’a donné jusqu’ici, comme favori dans la course menée à la présidentielle : ce qui ne serait pas étranger à cette décision impromptue de l’incarcérer, histoire d’écarter un concurrent sérieux, devenu, d’un coup, très gênant… Suffisamment en tout cas pour l’envoyer derrière le soleil, pour un séjour, à durée non–déterminée. Ce n’est pas acceptable. C’est même plus qu’injuste.
Il fait donc tellement peur, Nabil Karoui, pour que le simple fait qu’il puisse parler aux électeurs, même enfermé derrière des barreaux bien solides, puisse donner des sueurs froides à ceux qui ne sont pas mécontents de le voir écarté de la course ? Visiblement oui il fait peur. Et c’est quand même étrange ! Il n’est pas ange, et il serait même démon, qu’il aurait, lui aussi, droit à la parole. Par mesure d’équité. Lui réfuter ce droit, c’est ajouter du « grain à moudre » dans le moulin de ceux qui penchent, et ils sont légion, pour la thèse qui voudrait que son arrestation soit arbitraire. Et qu’elle serait orientée. Une thèse du « complot », largement étayée, et qui trouvera ici en l’occurrence, son meilleur « exutoire ». Qu’il puisse s’exprimer comme tous les candidats, pour lever tous les équivoques. Le cas échéant, il est à craindre que son silence ne soit assourdissant, un cran plus. Est-ce bien raisonnable ?