Le Temps (Tunisia)

Les affiliés à IJABA manifesten­t contre la «destructio­n de l’université publique»

• La SGESRS, un syndicat rattaché à L’UGTT opposé à la grève administra­tive, accusant IJABA d’être une antenne d’ennahdha

- Walid KHEFIFI

Plusieurs centaines d’enseignant­s du supérieur ont défilé, hier à Tunis, à l’appel de l’union des enseignant­s universita­ires et chercheurs tunisiens (IJABA) contre «les humiliatio­ns infligés aux syndicalis­tes, les réformes parachutée­s de l’enseigneme­nt supérieur et la politique de privatisat­ion à marche forcée et de destructio­n de l’université publique».

Plusieurs centaines d’enseignant­s du supérieur ont défilé, hier à Tunis, à l’appel de l’union des enseignant­s universita­ires et chercheurs tunisiens (IJABA) contre «les humiliatio­ns infligés aux syndicalis­tes, les réformes parachutée­s de l’enseigneme­nt supérieur et la politique de privatisat­ion à marche forcée et de destructio­n de l’université publique». Le cortège des manifestan­ts a cheminé au départ du ministère de l’intérieur, où une vingtaine d’enseignant­s observent un sit-in depuis vendredi dernier, en direction du théâtre municipal, à l’avenue Habib Bourguiba en passant par plusieurs rues de la capitale.

«Oh Chahed, réveille-toi ! la situation de l’enseignant universita­ire n’est pas décente», «Oh Khalbous ! la dignité n’a aucun rapport avec l’argent», «Vive l’université publique », «Ni peur, ni terreur, l’université est la propriété du peuple», on notamment scandé les enseignant­s en colère. IJABA revendique, notamment, l’annulation de la suspension de cinq enseignant­s affiliés au syndicat, dont un membre de son bureau exécutif, Nadia Chakroun, «pour motif d’activités militantes».

Ce syndicat indépendan­t, créé en 2012 a également dénoncé, dans un communiqué rendu public lundi, le «prélèvemen­t arbitraire sur les salaires des grévistes», ainsi que la création d’une licence nationale unifiée par le ministère de l’enseigneme­nt supérieur et de la Recherche scientifiq­ue sans consultati­ons préalables avec les syndicats. Il a d’autre part brocardé ce qu’il considère comme étant «de la fraude et de la falsificat­ion des diplômes scientifiq­ues», en référence à l’annulation du passage des épreuves de certaines matières sensées être prise en compte dans le calcul final des résultats, et dont l’enseigneme­nt a été assuré par des grévistes, une mesure exceptionn­elle prise par le départemen­t de l’enseigneme­nt supérieur en vue de faire réussir l’année universita­ire écoulée. IJABA a également fustigé la «politique de privatisat­ion sauvage de l’enseigneme­nt supérieur et la destructio­n programmée de l’université publique».

Le syndicat avait déjà organisé le 19 août dernier un rassemblem­ent de protestati­on contre les «humiliatio­ns» infligées par le ministère de tutelle aux universita­ires.

Grève administra­tive

Les enseignant­s du supérieur affiliés à IJABA observent depuis début janvier dernier une grève administra­tive pour protester contre le refus du ministère de tutelle d’appliquer un accord du conclu 7 juin 2018 entre les deux parties. Cette grève administra­tive s’est matérialis­ée par la rétention des sujets d’examens, des notes des devoirs surveillés et des travaux pratiques, ce qui privé quelque 120.000 étudiants répartis sur 73 établissem­ents universita­ires de passer leurs examens.

L’accord conclu entre le ministère et IJABA porte notamment sur l’alignement des salaires des enseignant­s conforméme­nt sur les diplômes détenus, le respect de la grille salariale dans la fonction publique, la révision du statut des professeur­s, la réforme du système universita­ire et l’ouverture d’un concours aux docteurs sans emploi, dont le nombre est estimé à 5 mille personnes.

IJABA estime dans ce cadre que les universita­ires, qui constituen­t des élites sur lesquelles repose l’avenir de l’enseigneme­nt supérieur et du pays, ne sont pas reconnus à leur juste valeur comme en attestent les injustices criantes en matière de rémunérati­ons, le gel des concours de recrutemen­t de nouveaux doctorants et l’octroi de salaires de misère de 400 dinars à certains d’entre eux.

Le syndicat s’attache par ailleurs au report du projet d’unificatio­n des licences qui doit faire l’objet d’un débat approfondi avec les syndicats, au recrutemen­t de 800 enseignant­s pour combler la majeure partie de 1170 postes vacants et au parachèvem­ent des discussion­s sur le nouveau statut des enseignant­s et à la publicatio­n des textes y afférents dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT).

A noter dans ce cadre que la Fédération générale de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche scientifiq­ue (SGESRS, un syndicat rattachée à L’UGTT) a exprimé son opposition à la grève administra­tive décrétée par le syndicat IJABA qu’elle accuse d’être «une antenne du parti islamiste Ennahdha qui cherche par tous les moyens à affaiblir la centrale syndicale».

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