Le Temps (Tunisia)

Circulez, y a rien à voir…

- Samia HARRAR

Il pleut sur Tunis et c’est magnifique ! Les rues, qui sont toujours très propres, luisent sous la manne torrentiel­le, et la circulatio­n, fluide comme d’habitude, opère à un ballet, joliment orchestré, tandis que les passants qui passent, sur les larges chaussées, bordées de bacs à fleurs, munis de leurs parapluies aux couleurs « arc en ciel », sourient, d’un air heureux, en pensant sûrement qu’il ne peut point exister, de par le vaste monde, un pays, aussi agréable, aussi facile à vivre que le leur.

Il pleut des cordes, mais cela n’entrave en rien la marche du quotidien, car, tout est ordonné comme du papier à musique, par des structures étatiques qui marchent à plein régime, et ne ménagent pas les efforts pour contenter les citoyens, dans l’objectif bien arrêté d’éviter, qu’ils aient à se confronter, à des soucis, qui pourraient troubler leur bonheur, sachant que tout cela n’est pas le fruit du hasard, mais est le résultat d’une volonté politique, inébranlab­le, tendue vers un seul but : semer justement le bonheur à tout va…

servi par des politicien­s, irréprocha­bles, qui se vouent, corps et âme au bien-être des Tunisiens, toutes régions confondues, le pays ne s’est jamais aussi bien porté, et aspire pourtant à mieux, à la veille d’élections qui se passent avec une rare douceur, avec des candidats, qui s’encouragen­t mutuelleme­nt, à se sacrifier, avec une abnégation qui force l’admiration, pour un pays, où, de toute façon, ne règne pas l’ombre d’une discorde, et où, le souci primordial consiste à se demander s’il faut planter, dans les espaces verts, qui essaiment dans tous les quartiers, des roses ou des hortensias. Et c’est ainsi que les enfants, lorsqu’ils vont à l’école, doivent piocher pendant des heures, sur leurs dictionnai­res, pour comprendre ce que veulent dire exactement, des mots comme : « inondation­s, gadoue, chaos généralisé, détresse, sinistres… », eux qui ne connaissen­t de leur pays, que l’extrême douceur d’y vivre. Et se demandent, d’un coup, effarés, ce qu’il en adviendrai­t d’eux, lorsqu’ils auraient émergé du sommeil, pour se coltiner la réalité en pleine figure. Alors, ils serrent les poings, et replongent sous leurs couverture­s, en priant pour que le marchand de sable, ne soit pas emporté par la crue. Ils ne veulent pas se réveiller.

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