L'intermédiaire en Bourse Tunisie Valeurs publie sa revue de recherches La priorité des priorités est d'accélérer le train de réformes des fonds
L'intermédiaire en Bourse Tunisie Valeurs vient de publier sa revue, du mois de septembre 2019, dans laquelle les analystes tiennent compte de la conjoncture internationale, marquée par la guerre commerciale que se livrent les Etats Unis et la Chine, et celle de la Tunisie. Grosso-modo, le document souligne que l’économie tunisienne se retrouve en mauvaise posture, avec d’un côté une situation inquiétante des déficits jumeaux et de l’autre côté une inflation galopante et un chômage structuré. La note indique que neuf ans après la révolution, l’économie tunisienne ne s’est toujours pas fixée de cap. « L’instabilité politique, les résistances sociales et corporatistes et l’absence d’une vision réformiste ont alimenté les défaillances structurelles de l’économie tunisienne. La campagne électorale commence à peser lourdement sur la conjoncture économique dans la mesure où le comportement des preneurs de décision est dicté par l’attentisme.
La marge de manoeuvre des autorités publiques ne fait que rétrécir pour pouvoir gérer les contraintes macroéconomiques.
La croissance du PIB a été nulle au premier trimestre 2019
L’intermédiaire en Bourse trouve que notre croissance est molle : « L’activité économique a connu un démarrage difficile en 2019. La croissance du PIB a été nulle au premier trimestre 2019. L’évolution défavorable des industries manufacturières a tiré la croissance globale du PIB vers le bas en liaison avec la fragilité de la conjoncture dans les principaux pays partenaires de la Tunisie, notamment l’allemagne pour le secteur automobile.
Les derniers chiffres de croissance ne sont pas rassurants et rendent l’objectif de 3,1% de croissance du gouvernement difficile à atteindre. Les prévisions du FMI pour la Tunisie tendent vers une stabilisation de la croissance du PIB à 2,7% en 2019. Ces projections peuvent faire l’objet de nouvelles révisions selon l’évolution du secteur agricole et du tourisme ».
Un investissement en berne
Dans le prolongement des dernières années, indique l’intermédiaire en Bourse, le taux d’investissement continue son trend baissier, ressortant à 18,4% en 2018 contre 18,7% en 2017. Les analystes de la note indiquent qu’« aux difficultés de la conjoncture et aux restrictions sur la distribution du crédit, se sont greffés le manque de visibilité politique et la léthargie administrative. Les entreprises limitent leurs investissements, restreignent leurs stocks, ajustent leurs effectifs et leurs coûts de production ».
Sur les quatre premiers mois de 2019, les flux d’investissement directs étrangers ont atteint 846 MDT, soit une hausse de 16,3% par rapport à la même période de 2018. « Cette amélioration notable ne peut se poursuivre si tous les freins à l’investissement ne sont pas levés et les déverrouillages administratifs lancés », précisent Tunisie Valeurs.
Les perspectives du commerce extérieur n’augurent rien de bon
Concernant l’inflation, les analystes estiment que les perspectives de l’inflation restent haussières en 2019. Cependant, d’autres facteurs inflationnistes pourraient freiner une décélération plus importante de l’inflation sous-jacente, en 2020, telle que les effets de second tour des hausses déjà enregistrées et attendues des prix de l’énergie, des produits alimentaires frais et des prix internationaux des matières premières. La BCT prévoit un taux d’inflation moyen de 6,7% en 2020.
Pour 2019, les perspectives du commerce extérieur ne sont pas réconfortantes. Au terme des quatre premiers mois de l’année, le déficit commercial s’est élevé à 6,3 milliards de dinars, contre 5,1 milliards un an auparavant. Cette détérioration du déficit commercial résulte d’une hausse marquante de la facture des importations, qui a dépassé 22 milliards de dinars, et une évolution moins importante des recettes d’exportation qui ont atteint 15,8 milliards de dinars.
Toujours selon la même source, la priorité pour la période future est de desserrer les marges et d’accélérer le train de réformes de fonds pour se donner les moyens de préserver les secteurs productifs et d’envoyer des signaux forts nécessaires à la relance de l’investissement.
2020 pourrait s’avérer l’année du rattrapage pour bon nombre de sociétés cotées
Coté boursier, la première moitié de l’année en cours a été décevante sur la Bourse de Tunis. Le marché actions a affiché un essoufflement quasi général sur les six premiers mois de l’année après un cru exceptionnel sur le 1er semestre 2018. La fin de l’année s’annonce indécise. Elle risque d’être perturbée par les deux rendez-vous électoraux et les tractations politiques. Toutefois, les analystes sont optimistes sur le moyen terme. 2020 pourrait être l’année du rattrapage pour bon nombre de sociétés cotées qui ont subi une correction exagérée, déconnectée de leurs fondamentaux réels, de leur rentabilité latente et de la qualité de leur management.
In fine, les analystes sont d’avis que les maux qui rongent l’économie tunisienne ne peuvent être réglés qu’en actionnant le levier de l’investissement. Les preneurs de décision doivent mettre le cap sur les réformes et les annonces fortes pour rehausser le moral des investisseurs et enclencher le cercle vertueux et vital de l’investissement.