Le Temps (Tunisia)

«L’ouragan Dorian a fait exploser le béton» Des quartiers entiers rayés de la carte Grand Bahama

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«C’est arrivé tellement vite», se souvient Marie Ferguson, qui vivait encore dans ce qu’il restait de sa petite maison cossue, du quartier résidentie­l d’high Rock, au sud de l’île de Grand Bahama, près de 10 jours après le passage de l’ouragan Dorian qui a ravagé l’archipel. Ce sont des quartiers entiers qui ont été rayés de la carte, atomisés, pilonnés pendant près de 40 heures. Toute la partie nord-est de l’archipel est sinistrée : deux îles, deux langues de terre, Grand Bahama et surtout l’île d’abaco sont ravagées et les habitants sont contraints d’abandonner le peu qui leur reste.

Probableme­nt plusieurs

centaines de morts

Le bilan provisoire est de 50 morts mais il sera sans aucun doute beaucoup plus lourd d’ici quelques jours : «Nous pensons qu’il aura beaucoup plus de cinquante victimes, indique Christian Lampin, secrétaire national du Secours populaire, sur place dimanche dernier. Ce chiffre est impossible puisque des milliers de personnes sont restées sur place. Les témoignage­s reçus des population­s encore sur place évoquent plusieurs centaines de victimes.» Comme la plupart des rescapés, Mary Ferguson a décidé en une matinée de tout abandonner avec son mari et ses quatre enfants. Une vie rassemblée à la hâte dans trois valises et une première nuit passée au milieu des 500 sinistrés, réunis depuis quelques jours dans un gymnase de la périphérie de Nassau.»c’est quelque chose à quoi nous n’étions pas du tout préparés, poursuit la rescapée. Une des principale­s raisons pour laquelle nous avons décidé de partir, c’est parce le pétrole a pénétré la nappe phréatique et on nous demande de ne pas dormir sur place. Donc pour des raisons sanitaires.»

Les fuites viennent d’une raffinerie norvégienn­e, les toits des citernes ont été arrachés par le vent. «Le pétrole est parti sur deux kilomètres à la ronde et a tout pollué, raconte Max Bordet, volontaire au Secours Populaire, présent à High Rock mardi aprèsmidi. L’ouragan a fait exploser le béton. Les écoles ont explosé, le poste de police a explosé. La caserne de pompiers a explosé.» Près de 5 000 personnes comme Mary et sa famille sont arrivées à Nassau depuis la réouvertur­e, il y a trois jours, des vols réguliers entre la capitale bahaméenne et les îles ravagés par Dorian.

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