Le Temps (Tunisia)

Plusieurs centaines de nigérians en désarroi

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Un premier vol doit décoller de l’aéroport de Johannesbu­rg dans la journée, avec à son bord quelque 300 ressortiss­ants nigérians souhaitant rentrer, sur les plus de 600 qui se sont signalés. Ce premier rapatrieme­nt a pris plusieurs heures de retard, certains passagers possédant des passeports expirés.

Un avion de la compagnie Air Peace, affrété par un riche homme d’affaires nigérian, permet aux volontaire­s de rentrer gratuiteme­nt, suite à la nouvelle vague de violences xénophobes en Afrique du Sud. Les attaques ont fait 12 morts depuis la semaine dernière, en majorité des nationaux. Même si aucun Nigérian n’a été tué, beaucoup ont perdu leurs commerces, et souhaitent tourner la page, quitte à repartir de zéro.

À l’aéroport, les chariots de valises défilent, et des familles, parfois avec des enfants, se pressent aux comptoirs pour vérifier leurs documents. Joy ne voyage qu’avec un simple sac alors qu’elle s’apprête à repartir au Nigeria : « Ce n’est pas bien, c’est vraiment injuste. Je suis en colère, vraiment. Pourquoi l’afrique du Sud nous traite comme ça, ce n’est pas normal ! D’africains à Africains... Pourquoi ? On veut rentrer chez nous maintenant. »

Nicolas a lui aussi pris la décision de rentrer, après que son garage a été la cible d’attaques par des Sud-africains : « Non, je ne vais pas bien. J’étais un homme dynamique, l’afrique du Sud a fait de moi un homme qui ne fait plus rien, qui n’a plus rien. J’ai perdu mes voitures, mon magasin, mon équipement, j’ai tout perdu ! Pourtant ici, en Afrique du Sud, les étrangers participen­t à la vitalité de l’économie ! »

La frustratio­n se mêle au soulagemen­t d’avoir une opportunit­é de rentrer. Joseph n’a pas longtemps hésité avant d’abandonner sa vie construite ici, depuis 6 ans : « On a des sentiments mitigés. D’un côté on est tristes d’avoir tout perdu. Après tout ce que mon pays a fait pour l’afrique du Sud pour les aider à lutter contre l’apartheid...mais voilà comment ils nous remercient. Mais d’un autre côté, je suis heureux de rentrer, même sans rien. Regardez comment je suis habillé, je n’ai que ça. Mais je rentre avec ma vie. »

Selon les autorités, un deuxième vol devrait être affrété prochainem­ent, afin de rapatrier les volontaire­s au retour, bloqués en Afrique du Sud.

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