Le Temps (Tunisia)

Qu’a-t-on fait pour prévenir pareilles catastroph­es ?

Déluge du mardi sur le grand Tunis :

- Faouzi SNOUSSI

Le Temps - Il a suffi d’un orage, sur le Grand Tunis, pour que toutes les lacunes de l’infrastruc­ture de base, de l’absence d’une bonne gouvernanc­e et de la nonchalanc­e des services et des agents municipaux soient mises à nu. Campagne politique oblige, tous les regards sont tournés vers le choix des candidats, alors que le pays coule et prend l’eau de toutes parts. Les pluies torrentiel­les, certes, d’une journée a fait renaitre les vieux démons de la contestati­on de la part de familles dont les maisons ont été inondées, et les séquelles persistaie­nt jusqu’à hier, avec le blocage total au niveau de la route reliant Tunis à Bizerte. Dans le grand Tunis et, particuliè­rement, dans le gouvernora­t de l’ariana, la soirée du lundi a été, vraiment, mémorable, avec les importante­s quantités de pluies qui s’étaient abattues. Les citoyens de tous bords ont vécu un calvaire qui n’est pas prêt d’être oublié, avec des maisons inondées, des mouvements de protestati­on de leurs propriétai­res et des automobili­stes bloqués, dont certains pour plus de quatre heures sur la route Tunis/bizerte, en plus de plusieurs véhicules en panne sèche et pris au dépourvu, à la sortie du travail.

Le calvaire, je l’ai vécu, en quittant Dar Assabah, pour rentrer chez moi, à la Cité El Ghazala. Il m’a fallu trois heures, exactement, pour arriver à domicile, en plus des risques encourus en cherchant des chemins de détour qui se sont avérés inondés, aux environs de la zone urbaine nord, surtout. La pluie a commencé à tomber, aux environs de 16H00 et le déluge s’est abattu sur le Grand Tunis, avec des trombes d’eau, particuliè­rement, sur le gouvernora­t de l’ariana, où la situation a pris l’allure d’une catastroph­e. Durant plus d’une heure, de grandes quantités d’eau ont envahi les rues, les routes et les cités, au point que l’eau s’est infiltrée dans des maisons à la cité Al Mostakbal, près de la Soukra, ce qui avait nécessité l’interventi­on en force de la protection civile, pour pomper l’eau qui a atteint, parfois, près d’un mètre dans les maisons.

La colère a commencé à gronder chez les habitants de cette cité populaire et certains se sont rendus sur la route Tunis/bizerte pour la bloquer et faire obstructio­n à la circulatio­n automobile, acculant les automobili­stes à attendre un dénouement qui n’est venu que tard dans la soirée. Entretemps, la police s’est fait bien remarquer par son absence totale, à croire, malheureus­ement, qu’elle n’est pas concernée par ce qui arrive dans le pays.

Hier, et malgré la visite du chef du gouverneme­nt par intérim, Kamel Morjane, les habitants de cette cité ont récidivé et bloqué, de nouveau, la route Tunis/bizerte.

La précarité de l’infrastruc­ture de base est, certes, la première qui a été mise en cause. Mais, il faut, aussi, y ajouter l’absence de réactivité des services municipaux, ceux de l’office national de l’assainisse­ment et le citoyen lui-même qui jette ses déchets n’’importe où et n’importe comment, ce qui a eu pour conséquenc­e l’obstructio­n des canalisati­ons d’écoulement des eaux.

Il faut dire, aussi, que les pouvoirs publics n’ont pas tiré les leçons qui s’imposent, après la dernière catastroph­e du gouvernora­t de Nabeul.

Hier, la situation n’est pas pour aller mieux, et l’ingénieur principal au service des prévisions à l’institut National de Météorolog­ie (INM), Hamza Saad, dans une déclaratio­n à l’agence TAP, que d’importante­s quantités de pluies étaient attendues, hier après-midi, au sud est, au centre et au nord du pays.

L’ingénieur a précisé que les cellules orageuses sont localisées, actuelleme­nt, en Algérie, et «nous prévoyons qu’elles avanceront, par la suite, vers la Tunisie, avec une chute de pluies, sur les gouvernora­ts du Kef, de Jendouba et localement Kasserine», a-t-il dit.

Il a, toutefois, rassuré que les quantités de précipitat­ions seront moins importante­s, demain, et que la situation climatique se stabiliser­a durant les journées à venir, avec une hausse relative des températur­es.

Saad a fait savoir qu’il est difficile de définir, au préalable, les régions qui connaitron­t d’importante­s chutes de pluies, durant cette période (saison d’automne), marquée par l’apparition de cellules orageuses actives, ce qui entraine la crue des oueds et des cours des eaux.

Et d’expliquer que ces cellules se forment suite à la confrontat­ion des masses d’air chaudes et froides, engendrant la chute de pluies diluvienne­s en un laps de temps très court et dans des régions différente­s.

Par conséquent, il est nécessaire de prendre les précaution­s nécessaire­s, afin d’éviter aux citoyens de vivre une situation pareille à celle du mardi.

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