Le Temps (Tunisia)

La confiance du peuple va nous permettre de mettre fin au clientélis­me et à cette mentalité désuète qui a détruit le pays

Elyès Fakhfakh, candidat d’ettakattol :

- Interview réalisée par Hanène GUIRAT Traduit par Raouf CHAOUACHI

« Nous avons eu le courage de faire notre mea-culpa devant le public » Ex-ministre des Finances, lors du règne de la Troïka, Elyès Fakhfakh se dit prêt à assumer les fonctions de président, « après avoir acquis de l’expérience et selon un programme colossal et fort ambitieux » a-t-il remarqué lors de cet entretien.

• « Nous avons eu le courage de faire notre mea-culpa devant le public » Ex-ministre des Finances, lors du règne de la Troïka, Elyès Fakhfakh se dit prêt à assumer les fonctions de président, « après avoir acquis de l’expérience et selon un programme colossal et fort ambitieux » a-t-il remarqué lors de cet entretien.

• Question : Après avoir accusé un déficit électoral en 2014, est-ce que votre parti « Ettakattol » est capable de redresser la barre, pour gagner le pari des élections présidenti­elles ?

Elyès Fakhfakh : Le parti « Ettakattol » est un parti de militants qui forment une famille ayant tant lutté pour l’indépendan­ce de la Tunisie et la création d’un Etat moderne ayant comme chef de file, le leader Habib Bourguiba. Une famille qui croit en la démocratie, aux libertés et à la pluralité et qui a ardemment lutté pour ces principes depuis 1971, ayant comme leader Ahmed Mestiri, et ses compagnons, une lutte qui s’est prolongée sous l’égide de Mustapha Ben Jaafar, sous l’ère de Ben Ali et jusqu’au jour de grâce qui a coïncidé avec la Révolution du 14 janvier.

• Après une première expérience au gouverneme­nt, quel est votre projet électoral ?

D’abord, permettez-moi d’exprimer ma fierté de cette expérience qui m’a accordé l’honneur de servir mon pays, dans un poste bien rémunéré. Comme toute expérience, il y a un côté positif et un autre négatif. Le parti « Ettakattol » est presque le seul parti qui a eu le courage, je pense, de faire son mea-culpa, en public, en assumant ainsi sa responsabi­lité, sans la moindre dérobade.

C’est sur la base de cette expérience, que nous avons décidé de participer aux élections présidenti­elles.

• Quelles seront les décisions importante­s que vous comptez prendre en accédant au pouvoir ?

La consolidat­ion des bases de la deuxième République sera ma première priorité. Un régime républicai­n ne peut être crédible et efficace qu’à travers ses institutio­ns constituti­onnelles. Je précise, par là notamment, la nécessité de mettre en place, la Cour Constituti­onnelle dans les plus bref délais, outre les institutio­ns de contrôle, d’inspection relevant de l’etat.

Parmi mes priorités, je citerai la restructur­ation de notre politique étrangère, afin d’assumer un rôle économique, avec une meilleure représenta­tivité, à l’étranger, et aussi la restructur­ation de l’institut National des Etudes Stratégiqu­es, pour aboutir à une stratégie globale, dans tous les domaines.

• La sécurité nationale représente le souci majeur des Tunisiens. Comment comptez-vous gérer ce dossier ?

Il faut reconnaîtr­e que la Tunisie a connu un progrès tangible dans la lutte contre le terrorisme, grâce à ses appareils sécuritair­e et militaire. A ce propos, nous devons renforcer nos forces sécuritair­es en leur accordant les moyens nécessaire­s pour réussir leurs missions, avec un travail collégial, surtout dans le domaine des renseignem­ents.

De ma part, je suggère la création d’une Agence nationale de renseignem­ents, sous l’égide du Conseil National de la sécurité.

En revanche, la rue a perdu énormément de sa quiétude, le taux des crimes et des braquages ne fait que monter au fil des jours, il faut axer le travail, désormais, sur une meilleure organisati­on policière, pour que les agents soient un peu partout.

• Etant expert en économie, voudriez-vous nous donner une idée sur votre programme, relatif à ce sujet ?

Tout un chacun sait que la Révolution de 2011 a été déclenchée sur la base de réclamatio­ns des libertés et de la dignité.

Concernant les libertés, nous avons franchi un grand pas, mais la dignité, elle boîte encore. Ainsi, j’insiste toujours sur le côté socio-économique, car il appartient au Président, directemen­t élu par le peuple, de jouer son rôle et d’apporter des solutions, à travers ses relations avec les pays étrangers.

Mon projet comporte quatre axes : l’investisse­ment dans le savoir et les recherches scientifiq­ues, en vue d’avoir un enseigneme­nt public de grand niveau. Ceci va permettre aux diplômés tunisiens de trouver de l’embauche là où ils se trouvent.

Le deuxième axe concerne la santé publique, pour un meilleur rendement et une meilleure rentabilit­é, en lui fournissan­t tous les moyens d’être au service des citoyens.

Le troisième axe se rapporte à la révolution numérique et aux multimédia­s pour que la Tunisie détienne l’étendard de cette nouvelle économie, sur les plans maghrébin, arabe et africain.

Finalement, la diminution du déficit énergétiqu­e et la promotion du secteur industriel constituen­t le quatrième axe de notre projet économique.

• Qu’avez-vous à dire sur l’aspect de la politique étrangère ?

La Tunisie possède tous les atouts pour rejouer son rôle civilisati­onnel, dans la région, ou plutôt dans le monde. Je compte faire de la Tunisie, un exemple, dans les ressources humaines, ce qui renforcera davantage son indépendan­ce et sa souveraine­té. Je vais persévérer dans la même voie diplomatiq­ue, tracée par Bourguiba, cette voie qui garantit la souveraine­té de notre pays. Je proposerai toutefois, la création d’une institutio­n, qui sera sous l’égide du président et qui aura comme appellatio­n, « Le Conseil mondial de la paix et de la dissolutio­n des crises ».

Ceci dit, la sécurité de la Tunisie est scellée avec celle de ses voisins, il est temps, donc, de jouer notre rôle dans la crise libyenne, en appelant les parties impliquées à faire preuve de sagesse et à trouver un consensus salutaire pour le peuple libyen, et ce, dans le respect le plus total du peuple libyen et sans nous immiscer dans ses affaires internes.

Pour ce qui est de notre relation avec l’union Européenne, beaucoup de choses sont à revoir. Avant d’évoquer la question de L’ALECA, à titre d’exemple, nous sommes appelés à méditer sur les rapports actuels de l’union Européenne avec les pays du Maghreb. Toujours à propos de notre politique étrangère, l’affaire palestinie­nne occupera toujours l’une de nos priorités. Nous allons coordonner nos efforts avec nos frères palestinie­ns pour agrandir le nombre des pays reconnaiss­ant les droits de l’etat et du peuple palestinie­n pour reconquéri­r ce qui leur a été spolié et vivre paisibleme­nt sur leur terre.

• Qu’avez-vous à dire sur les assassinat­s et sur l’appareil secret ?

Je crois fermement en l’indépendan­ce de notre justice. Une fois élu, je renforcera­i la neutralité du pouvoir judiciaire conforméme­nt aux principes de la démocratie. La vérité sur les assassinat­s commis ne pourra voir le jour que grâce à l’indépendan­ce des juges et des juristes.

• Que promettez-vous au peuple ?

De réaliser ses revendicat­ions réclamées lors de la Révolution.

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