La patrie, d’abord…
La neutralité, selon sa signification, est « un caractère, une attitude d’une personne, d’une organisation, qui s’abstient de prendre parti dans un débat, une discussion, un conflit opposant des personnes, des thèses ou des positions divergentes ». Toutefois, l’être humain, dans son essence, ne peut être neutre, surtout de par sa sensibilité et son cerveau qui penche toujours d’un côté, plus qu’un autre.
Ces derniers jours, et avec les échéances électorales, surtout la présidentielle anticipée, tout le monde évoque la neutralité des médias dans la course à l’investiture suprême. Mais, de quelle neutralité, parlet-on ?
Pour être neutre, dans tout conflit ou débat, il faut d’abord que la personne ne soit pas partie prenante et que la situation ne concerne pas des domaines dans lesquels on ne peut éviter d’être impliqués, et ce n’est pas le cas dans le cas actuel, surtout pour les journalistes tunisiens.
Des menaces de sanctions planent sur la tête des journalistes et de leurs médias, si cette neutralité n’est pas observée strictement, alors que les moyens manquent pour le faire.
A titre d’exemple, toutes les radios, nationales, de la jeunesse, et culturelle, sont impliquées dans des interviews des candidats à la présidentielle. Pourtant, la neutralité n’est pas au rendez-vous, surtout que les interviewés n’ont pas les mêmes chances, avec un taux d’audience différent de chaque radio. Ainsi, on ne peut parler de chances égales.
Par ailleurs, certains candidats font faux-bonds aux journalistes, en leur donnant des rendez-vous qu’ils ne respectent pas, préférant souvent les médias audio-visuels à la presse écrite. Et on accuse, par la suite, le média concerné de ne pas avoir donné sa chance à ce candidat.
Sur un autre plan et ce qui est plus délicat, comment peut-on être neutre, avec certains candidats qui veulent mener le pays vers sa perte, avec des idéologies peu recommandables et loin d’être intègres, ou qui usent de moyens peu honnêtes ou, parfois criminels, pour atteindre leur objectif ?
En outre, on ne peut pas parler d’intégrité et de neutralité, lorsqu’on sait que toutes les instances constitutionnelles sont noyautées avec des directions partisanes et qui privilégient, parfois, certains candidats aux dépens d’autres, ferment les yeux sur des infractions qui auraient pu coûter la radiation d’un ou de plusieurs candidats de la course.
Dans ces circonstances particulières, il est bien de chercher à faire illusion, au niveau de la neutralité, mais le combat n’est pas avec les médias, mais avec l’argent sale qui circule, le refus des candidats de respecter les consignes de l’instance supérieure indépendante pour les élections et l’utilisation de la religion à des fins électorales.
Pour les électeurs, la seule chose qui compte le plus est la crédibilité et la transparence des élections, afin de donner au pays un président qui « remplit son fauteuil » et qui ne veut que du bien pour le pays, avec un programme clair pour le mener à bon port. La patrie est la plus importante et personne n’aimerait la mettre entre des mains de gens malintentionnés.