Le Temps (Tunisia)

Les «Sahéliens» avancent en rangs dispersés

Zohra Driss fait faux bond à Chahed et soutient Zbidi :

- Walid KHEFIFI

Les lignes bougent dans le puissant réseau d’influence régionalis­te du «Sahel». La députée Zohra Driss, une transfuge de Nidaa Tounes qui a participé activement à la création de Tahya Tounes aux côtés de Youssef Chahed, Slim Azzabi et Sahbi Ben Fraj, a de nouveau changé son fusil d’épaule. Dans un post publié hier sur sa page Facebook, cette femme d’affaires dont la famille a fait fortune dans le tourisme, l’immobilier et l’industrie, a annoncé avoir laissé tomber le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed qui brigue la magistratu­re suprême pour se ranger du côté de son rival Abdelkrim Zbidi, l’actuel ministre de la Défense nationale.

«Après mûre réflexion, et fermement convaincue qu’il est un homme d’etat mû par son allégeance à la patrie et qu’il est l’homme de l’étape à venir, je soutiens Dr Abdelkrim Zbidi et je vais voter pour lui», a écrit la députée. Ce retourneme­nt de veste a surpris les observateu­rs les plus avertis de la vie politique nationale. D’autant plus que l’époux de Zohra Driss, en l’occurrence l’homme d’affaires et ex-président de l’etoile Sportive du Sahel Othman Jenayeh, est l’un des soutiens les plus actifs de Youssef Chahed. Houcine Jenayeh, neveu de Zohra Driss est, quant à lui, à la tête de la liste présentée par Tahya Tounes aux législativ­es du 6 octobre prochain dans la circonscri­ption de Sousse !

Division

Quoi qu’il en soit, la volte-face de Zohra Driss à Zbidi illustre que les réseaux d’influence du Sahel sont plus que jamais divisés. En effet, les clans Letaief conduit par l’homme d’affaires controvers­é et ardent défenseur de la suprématie sahélienne Kamel Letaief ainsi que le clan Driss se rangent du côté d’abdelkrim Zbidi, un candidat originaire de Mahdia.

Le clan des Jenayeh soutient clairement Youssef Chahed tandis que clan mené par l’homme d’affaire et actuel président de l’etoile Sportive du Sahel Ridha Charfeddin­e a préféré miser sur le magnat de l’audiovisue­l Nabil Karoui et son parti «9alb Tounes».

Ainsi, les «Sahéliens» ne mettent pas tous leurs oeufs dans le même panier pour tenter reprendre les positions qu’ils ont perdues dans les cercles du pouvoir en 2011.

La région du Sahel, qui va du golfe de Hammamet à Mahdia au sud, en passant par Sousse et Monastir, a servi dès l’indépendan­ce jusqu’à la révolution du 14 janvier de pépinière à l’élite au pouvoir. Mais la révolution de 2011, dont l’étincelle est partie des régions déshéritée­s et marginalis­ées par les régimes de Bourguiba et Ben Ali, les Sahéliens ont perdu les postes clefs du pouvoir. L’accession de Moncef Marzouki, dont la famille est originaire de Douz, à la magistratu­re suprême et la désignatio­n d’ali Larayedh, natif de la petite ville de Boughrara (gouvernora­t de Médenine) au poste de chef du gouverneme­nt, a marqué la revanche du «Sud» longtemps quasi-absent des cercles du pouvoir et n’ont pas été vu d’un bon oeil par l’élite sahélienne, qui a fait le dos rond en attendant des jours meilleurs…

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia