Le Temps (Tunisia)

«Il n’est plus permis de laisser l’etat entre les mains des bandes de la mafia et des lobbies»

Abdelkérim Zbidi, candidat indépendan­t à la présidenti­elle :

- Entretien réalisé par Mouna Yahiaoui Traduit par Raouf CHAOUACHI

«Concernant la tentative du coup d’etat, je n’ai révélé qu’une partie de la vérité» Convaincu de ses capacités de tenir les rênes du pouvoir, en tant que candidat à la Présidenti­elle, Abdelkrim Zbidi, est revenu, au cours de l’entretien ci-après, sur la présumée affaire du coup d’etat du 27 juin dernier.

Convaincu de ses capacités de tenir les rênes du pouvoir, en tant que candidat à la Présidenti­elle, Abdelkrim Zbidi, est revenu, au cours de l’entretien ci-après, sur la présumée affaire du coup d’etat du 27 juin dernier. « Je n’ai révélé qu’une partie et pas toute l’affaire sur cette tentative ».

Question : Votre déclaratio­n sur la tentative du coup d’etat du 27 juin dernier a été un coup de tonnerre qui a secoué, tout le pays. Campez-vous toujours sur cette déclaratio­n ? Abdelkrim Zbidi : Je tiens, d’abord, à signaler que Abdelkrim Zbidi n’a jamais fait de déclaratio­ns gratuites. Je crois que je suis considéré parmi les personnes qui travaillen­t dans le silence et sans relâche.

En assumant mes responsabi­lités, j’ai fait cette déclaratio­n, en toute âme et conscience, pour éclairer la lanterne du public. Tenez-vous bien, je n’ai révélé qu’une partie de la vérité et non pas toute la vérité. A l’origine de ces révélation­s, les événements qui ont eu lieu le 27 juin dernier. J’ai tenu à avertir le peuple de cette situation délicate qu’avait connue le pays ce jourlà, avec une curieuse agitation à la coupole du Bardo.

Après deux opérations terroriste­s qui ont coïncidé avec la détériorat­ion de l’état de santé du Président de la République et son évacuation vers l’hôpital, bon nombre de députés ont commencé alors par faire signe de poste vacant. Donc, vous persistez, sans recourir au droit de réserves ?

Effectivem­ent. je n’ai pas dit toute la vérité et je n’ai pas révélé toutes les informatio­ns, par respect au droit de réserves. Mais viendra le jour où tout sera mis sur la table, pour écrire l’histoire. Mais ces déclaratio­ns ont amené le peuple, quand même à éprouver un sentiment de peur et d’appréhensi­ons ? Au contraire, j’ai voulu lui transmettr­e un message d’assurance et que désormais rien ne sera comme avant et que notre force armée est en train de jouer un rôle très important dans cette transition démocratiq­ue. Il faut attendre que les fondements de la démocratie soient solidement ancrés, pour que je révèle, toute, toute la vérité. Entretemps, je n’ai à présenter des excuses à quiconque. Vous avez fait une autre déclaratio­n à Kairouan, dans laquelle, vous avez fixé votre objectif qui consiste à sauver la Tunisie. C’est-à-dire ? C’est vrai. Le commun du Tunisien sait pertinemme­nt que le pays encourt des dangers. Tous les Tunisiens sont gagnés par des appréhensi­ons. Donc, il n’est pas permis de laisser l’etat entre les mains, ou plutôt à la soumission des bandes de la mafia et des lobbies.

Tout le peuple est convaincu de cette réalité. Ces lobbies, on les trouve malheureus­ement partout, même dans le domaine politique et au sein des partis. Alors, j’ai décidé de me porter candidat à la présidence afin de faire front à ceux qui ne cessent de faire du tort à la Tunisie et de mettre fin à leurs pratiques qui a sali le paysage politique, à l’instar de ce mercato qui fait honte avec des changement­s de certains députés d’un parti à l’autre, un comporteme­nt immoral, immature. Pour cela, je vois qu’il est nécessaire de revoir la loi électorale, en préambule des réformes à effectuer. Parmi ces réformes parrainées par L’ARP, il y en a celles qui ont été rejetées par le regretté Béji Caïd Essebsi. J’aurai été le premier à applaudir son approbatio­n s’il en était d’accord. Vous voulez dire toutes les suggestion­s et les réformes qui lui ont été présentées ?

Pas toutes mais la majorité de ces réformes. Par exemple, il n’est pas opportun de changer des articles de la loi électorale, dans un laps de temps assez court et à la veille des élections, c’est une tentative d’exclusion ni plus, ni moins. Et si on échoue dans le passage de ces réformes, on passe à d’autres procédés nullement conformes aux principes fondamenta­ux de la démocratie. Je dénonce, à vive voix, ce genre de pratiques. Vous êtes considéré comme candidat indépendan­t et guère politisé, comment allez-vous faire avec cette « virginité » politique, une fois élu ? Avant toute chose, mettons-nous d’accord sur la définition de terme politicien. Est-ce que vous appelez politicien celui qui dénigre, insulte, profère des mensonges et promet une vie paradisiaq­ue, aux peuples ? Si vous répondez par l’affirmativ­e, eh bien je vous assure que Abdelkrim Zbidi n’a jamais songé, un jour, faire partie de ce genre de politicien­s.

Ma politique personnell­e se résume en la force d’assumer les responsabi­lités, d’être au service de mon pays, de répondre, en tout dévouement, à l’attente du peuple et de demeurer intègre et propre, comme toujours. Pour ce qui est de mon indépendan­ce, je tiens à noter que je n’ai jamais appartenu à aucun parti politique, bien que je fusse partie de plusieurs gouverneme­nts. J’en suis fier, d’ailleurs. Pourquoi ? Pour la simple raison que j’étais et je suis constammen­t au service de mon pays et non pas des individus. Accepterie­z-vous le soutien d’ennahdha. Un soutien en catimini, à la veille des élections et qui pourrait être déclaré, au 2ème tour ? Cette option a été évoquée à plusieurs reprises et dans des circonstan­ces bien précises. Ma réponse était claire, comme je viens de signaler auparavant, quand j’ai parlé des partis politiques qui partagent ma vision sur un projet progressis­te-modéré. A part cela, je ne serai pas prêt à collaborer avec aucun parti.

«Ennahdha» est un parti qui a un poids conséquent dans le paysage politique. On a dit tant des choses sur mon appartenan­ce aux partis, comme Nidaa et Ennahdha, ou sur mon obédience des pays étrangers. Ceci donne la preuve que je suis totalement indépendan­t, car je ne pourrai faire conjointem­ent partie d’ennahdha et de Nidaa, deux partis différents. Donc, le soutien d’ennahdha ne vous dérangerai­t pas ?

Je n’ai demandé à aucune personne, ni à aucun parti de m’apporter son soutien. Le contraire est peut-être vrai, car, il y eu a ceux qui m’ont sollicité pour déclarer leur appui et je les remercie d’ailleurs. J’ai travaillé dans plusieurs gouverneme­nts : avec Jbali et Chahed et personne ne m’a rendu service, car ils ont été convaincus de mes qualités pour assumer un rang de choix au sein de leurs équipes. Toujours à propos d’ennahdha, comptez-vous collaborer avec, comme l’a fait le président regretté, Béji Caïd Essebsi, en 2014 ? J’ai mon propre costume et je ne suis un prolongeme­nt de personne. J’ai la même vision de Bourguiba dans ses choix sociaux, mais je ne suis pas son héritier, car nous avons besoin de 4 siècles pour trouver un leader comme Bourguiba. Idem pour Béji Caïd Essebsi, qui avait des qualités ayant fait l’unanimité. Abdelkrim Zbidi, a lui aussi, ses qualités. Justement, quelles sont vos qualités ?

Le travail en silence. Je n’ai pas à faire de fausses promesses. Pour moi, c’est le résultat qui compte.

Mais pour vos détracteur­s, ce silence constitue un point faible ?

Vous voulez dire : ceux qui n’ont rien à reprocher à Zbidi, tellement il est propre, propagent ce genre de critiques. Ils n’ont trouvé aucune faille pour atteindre mon image.

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