Le Temps (Tunisia)

Une page de tournée…

- Par Faouzi SNOUSSI

L’Instance supérieure indépendan­te pour les élections a entériné, hier, les résultats attendus, connus déjà depuis le 15 septembre, avec les pronostics annoncés par les instituts de sondage. Ainsi, les deux candidats Kaïs Saïd, premier, et Nabil Karoui, second, ont émergé du lot. Le premier est, juste, un professeur universita­ire discret qui, selon les dires, n’a pas dépensé plus de 700 mille dinars pour sa campagne électorale, alors que le deuxième croupit en prison, en attendant son jugement.

Certes, cela donne matière à réflexion autour des scores acquis par les deux lauréats, bien qu’aucun d’eux n’a pu dépasser le dixième des électeurs inscrits, mais le plus alarmant se situe au niveau de l’abstention qui a eu gain de cause, avec environ 55% des citoyens en âge d’aller voter qui ne se sont pas rendus aux urnes… Pire encore, cette catégorie est composée, essentiell­ement, de jeunes qui sont l’avenir du pays. Cela s’explique, sûrement, par l’état de désespoir qui a gagné cette catégorie sociale qui ne voit pas de perspectiv­es d’avenir et qui vit dans le doute et l’incertitud­e, en particulie­r au cours de cette période où tout le peuple est laissé-pour-compte, alors que les politicien­s sont partis en guerre, pour se replacer sur la scène et continuer de profiter du privilège « d’être un élu », avec tout ce qui s’ensuit.

Le camouflet qui vient d’être asséné à cette classe politique en perte de vitesse est des plus retentissa­nt, et le temps est à la révision des comptes, afin de tenter de convaincre les électeurs, surtout que la campagne électorale pour les législativ­es a déjà commencé et qu’il faut se réveiller et remettre les pendules à l’heure.

L’élection présidenti­elle a montré à tous les candidats le poids qu’ils pèsent, sur la scène politique. Pour leur majorité, ils sont des présidents ou des hauts cadres de partis politiques qui avaient eu leurs chances, dans un passé récent, mais qui n’ont pas su la saisir, en faisant-fi des attentes d’un peuple qui veut vivre dignement. La loi des urnes a donné son verdict, en écartant toute cette classe politique usée par le pouvoir et enfoncée dans un égocentris­me néfaste qui a éparpillé les voix de ceux qui, bon gré, mal gré, ont voulu leur accorder leur confiance, encore une fois. Les erreurs étaient impardonna­bles et mortelles. D’un côté, il y a eu cette aversion pour les élections, et de l‘autre, cette volonté de sanctionne­r ceux qui ont trahi les promesses faites, lors des précédente­s élections, surtout les partis et non les hommes.

A bon entendeur salut, avec l’espoir que la leçon a été retenue par ceux qui sont tenté, encore, de refaire l’expérience… dans cinq ans!

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