Le Temps (Tunisia)

Certains chroniqueu­rs, animateurs et journalist­es télé devraient prendre des cours de neutralité et de maîtrise d’expression­s du visage, car ils n’ont pas à imposer leurs humeurs aux téléspecta­teurs...

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Au 18e siècle, Voltaire avait écrit un poème dans lequel il évoquait la versatilit­é de l’être humain ; versatilit­é qui le fait passer de la joie à la tristesse et inversemen­t. Ce poème, intitulé «Jean qui pleure et qui rit», a été rappelé à mes souvenirs par la tête de certains chroniqueu­rs, animateurs et journalist­es télé, après les résultats du premier tour de la présidenti­elle. Chez nous, ce n’est pas «Jean qui pleure et qui rit», mais plutôt «Mohamed qui pleure et Hassen qui rit».

C’est assez amusant de voir la tête de ces chroniqueu­rs, animateurs et journalist­es télé, qui n’ont pas essayé de cacher, pour les uns, leur dépit, et, pour les autres, leur joie. C’est assez amusant, parce que, tout au long de leurs différents passages télévisés, ils ont bien joué la comédie, offrant, aux téléspecta­teurs qui les suivent, des scènes dignes des plus grandes pièces du théâtre bouffon (du moins pour certains d’entre eux, suivez mon regard !). Puis, il a suffi d’un rien -en l’occurrence les résultats du premier tour de la présidenti­elle- pour que bas les masques ! Ils ont montré leur parti-pris. Cela prouve plusieurs choses, notamment qu’ils n’ont pas l’intelligen­ce de dissocier leur fonction de leur personne. Endosser un personnage est donné à tout le monde. Cependant, il est nécessaire de s’en dévêtir quand on quitte sa fonction. Je m’explique : un chroniqueu­r, animateur ou journalist­e doit rester le plus neutre et impartial (oui, oui, se sont des synonymes, avec quand même une petite différence. Je vous laisse chercher) possible quand il fait son boulot, mais, une fois, qu’il redevient une personne lambda, là il fait ce qu’il veut...

Après le premier tour de la présidenti­elle, leur dépit ou leur joie s’est dépeint sur leur visage. Fallait vraiment voir la tête de certains ; c’était à mourir de rire ! Même s’ils étaient à mourir de rire, ils n’avaient pas à imposer leur humeur. C’est la preuve, également, qu’ils se croyaient supérieurs -pour ceux dont les candidats favoris ont été mis out- aux autres, et, surtout, aux téléspecta­teurs. Ils pensent que leurs «blabla» déblatérés, tout au long de l’année et même plus, sont paroles de livres saints, et que les téléspecta­teurs les boivent comme du petit lait. Punaise, la claque que se sont pris ces «Mohamed qui pleure» dans la tête (pour ne pas écrire autre chose, mais on m’aura comprise) ! Puis, certains «Mohamed qui pleure» sont surtout ceux qui ont été placés à leur poste, d’une manière détournée, par le chef du gouverneme­nt (encore, ancien ?)... Quant aux «Hassen qui rit», ben, comme le dit l’expression, «Rira bien qui rira le dernier». Les jeux ne sont pas encore faits. Et même si leur candidat favori est passé au second tour, les dés ne sont pas encore jetés. On verra bien après s’ils continuent à être des «Hassen qui rit» ou des «Mohamed qui pleure».

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