Le Temps (Tunisia)

Renzi quitte le Parti démocrate et crée son propre mouvement

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L'ancien chef du gouverneme­nt italien Matteo Renzi, l'un des hommes forts de la gauche dans la péninsule, a annoncé hier son départ du Parti démocrate (PD) pour créer son propre mouvement, afin de mieux combattre les idées du leader de l'extrême droite Matteo Salvini.

Il a cependant assuré que lui-même et les élus qui le suivront continuera­ient à apporter leur soutien parlementa­ire au nouveau gouverneme­nt de Giuseppe Conte, formé du PD et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystèm­e). "Aujourd'hui, le PD est un ensemble de courants" politiques "et je crains qu'il ne soit pas en mesure de répondre seul aux agressions de Salvini et à la difficile cohabitati­on avec les 5 Etoiles", a justifié M. Renzi dans une interview à La Repubblica, un quotidien de gauche.

Selon sa propre estimation, une trentaine d'élus, entre députés et sénateurs, sur les quelque 160 que compte le PD au Parlement, devraient le suivre dans sa nouvelle aventure qui n'a toujours pas, officielle­ment du moins, de nom.

Le combat contre Matteo Salvini, le chef de la Ligue (extrême droite souveraini­ste), revient comme un leitmotiv tout au long de l'interview.

"Je veux passer les prochains mois à combattre le "salvinisme" dans les rues, dans les écoles, dans les usines. Avoir renvoyé à la maison Salvini restera dans mon CV comme l'une des choses dont je suis le plus fier", a-t-il souligné.

"Je veux faire la guerre à Salvini, pas à Nicola Zingaretti", le nouveau chef du PD, a assuré Matteo Renzi.

Matteo Salvini, dont le parti gouvernait depuis 14 mois avec le M5S, a provoqué une crise politique et entraîné la chute du premier gouverneme­nt Conte début août, en espérant obtenir des élections anticipées pour revenir en force au pouvoir. Les sondages lui donnaient alors 36% à 38% des intentions de vote.

Mais Matteo Renzi a poussé en faveur d'une alliance entre le M5S et le PD pour éviter un retour anticipé aux urnes. "Le mauvais populisme qu'il (Matteo Salvini, ndlr) exprime n'est pas défait et doit être combattu au sein de la société", a estimé l'ex-chef du gouverneme­nt (20142016).

"Le populisme ne connaît pas l'intelligen­ce artificiel­le, le populisme c'est la stupidité naturelle", a martelé le politicien connu pour son franc-parler et qui ne s'est pas fait que des amis au sein de son propre parti.

Matteo Renzi, qui vient d'une tradition démocrate-chrétienne, a toujours été considéré comme un "intrus" par les adhérents historique­s de la gauche italienne. "Il y a un courant culturel dans la gauche italienne pour lequel je suis un intrus. Ils m'ont toujours traité comme un étranger, comme un occupant abusif, même quand j'ai gagné les primaires" du parti pour en devenir le chef en 2013, a-til assuré.

Son assurance et son exubérance ont régulièrem­ent agacé, et le référendum constituti­onnel de décembre 2016 s'était transformé en vote pour ou contre sa personne dans le pays. Après l'échec de ce scrutin, il avait démissionn­é de son poste de Premier ministre et avait été remplacé par Paolo Gentiloni.

Matteo Renzi a souligné que son mouvement ne serait "pas un parti politique traditionn­el" mais "une maison".

Pour le moment, aucune compétitio­n électorale avec ses anciens alliés n'est prévue: il a assuré que son mouvement ne participer­ait pas aux scrutins "pendant un an au moins".

"Les premières élections auxquelles nous nous présentero­ns seront les législativ­es, j'espère en 2023, et les européenne­s de 2024", a-t-il dit.

Son départ a été accueilli avec préoccupat­ion par ses anciens collègues de parti. Dario Franceschi­ni, ministre de la Culture et l'un des principaux leaders du PD, a lancé "It's a big problem" (c'est un gros problème) en parlant à Milan (nord) avec son homologue allemande Michelle Munteferin­g, selon l'agence AGI.

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