Le Temps (Tunisia)

Législativ­es cruciales en Israël

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Bibi ou Benny? Les Israéliens votaient hier lors de législativ­es âprement disputées opposant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis une décennie, à l’ancien chef de l’armée Benny Gantz, cinq mois après un premier duel sans issue.

M. Netanyahu, 69 ans, dit «Bibi», a reconnu que les élections étaient «très serrées» après avoir voté à Al Qods avec son épouse Sara. Il a appelé ses compatriot­es à voter en grand nombre. Accompagné de sa femme Revital, Benny Gantz, 60 ans, a lui glissé son bulletin dans un bureau de vote de la banlieue de Tel-aviv. «Nous arriverons à apporter un espoir, nous arriverons à apporter un changement, sans corruption et sans extrémisme, tous ensemble», a-t-il déclaré. Quelque 6,4 millions d’électeurs sont conviés jusqu’à 22H00 locales (19H00 GMT ) dans les 10.700 bureaux de vote, surveillés par près de 19.000 policiers. A midi (9H00 GMT), le taux de participat­ion était de 26,8%, un score supérieur à la même heure aux législativ­es d’avril. Le Likoud (droite) de M. Netanyahu et la formation centriste Kahol Lavan, Bleublanc, de M. Gantz avaient alors chacun obtenu 35 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement.

Le président israélien Reuven Rivlin avait mandaté Benjamin Netanyahu pour former un gouverneme­nt de coalition. Mais incapable d’y parvenir, M. Netanyahu avait dissous le Parlement et provoqué un nouveau scrutin.

Les sondages pronostiqu­ent un nouveau duel coriace, où le jeu parfois subtil des alliances pourrait déterminer le sort du gouverneme­nt.

Un agrégateur de sondages créditent les partis de 32 sièges chacun. Le score de leurs alliés potentiels, la droite et les partis religieux pour M. Netanyahu, et la gauche et les partis arabes pour M. Gantz, devrait être déterminan­t.

Tony Sachs, 64 ans, un électeur de Al Qods, souhaite, lui, une coalition entre les principaux rivaux. «C’est vraiment important que le pays entier travaille ensemble. Nous devons faire preuve d’unité (...) mais à cause des politicail­leries et des égos je doute que cela se produise», dit-il. Ce nouveau scrutin est d’autant plus crucial pour M. Netanyahu qu’il intervient un mois avant sa comparutio­n devant la justice pour des affaires de «corruption», «d’abus de confiance» et de «malversati­ons». Le Premier ministre est notamment soupçonné d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable de la part du site d’informatio­ns Walla, en contrepart­ie de faveurs gouverneme­ntales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, principal groupe de télécommun­ications israélien dont le PDG était propriétai­re de Walla.

Pour l’heure, M. Netanyahu n’est ni inculpé ni donc condamné, mais une victoire pourrait permettre à ses alliés de lui allouer une immunité. S’il était réélu, puis inculpé, il deviendrai­t le premier chef de gouverneme­nt en exercice à connaître une telle avanie dans l’histoire d’israël. Face à «Bibi», l’ancien général Benny Gantz, libéral sur les enjeux de société comme le mariage civil mais «faucon» sur les questions sécuritair­es, joue la carte de la «probité», et pourrait miser sur une alliance de partis laïcs --de gauche et arabe-- face au bloc de droite de Netanyahu et de ses alliés de partis juifs ultra-orthodoxes. «Rares sont les moments où les électeurs sont devant deux possibilit­és si distinctes», résumait lundi M. Gantz.

«Le facteur décisif sera le taux de participat­ion», estime Gayil Talshir, professeur­e de sciences politiques à l’université hébraïque d’al Qods.

Lors du dernier scrutin, la participat­ion avait avoisiné les 68%. Craignant de voir ses électeurs bouder les urnes, M. Netanyahu a affirmé qu’ils avaient le choix entre «un gouverneme­nt faible», mené par «la gauche et les Arabes» et un «gouverneme­nt fort de droite», mené par lui.

Sur les réseaux sociaux, il a diffusé hier une vidéo exhortant ses électeurs à se mobiliser pour contrer un taux de vote «élevé» dans les villes arabes du pays. Les premiers sondages à la sortie des urnes devraient tomber peu après la clôture des bureaux de vote à 22H00 (19H00 GMT) avec de premiers résultats officiels au fur à mesure de la nuit.

En Israël, le nombre de sièges de chaque liste électorale dépend du pourcentag­e de votes récoltés avec un seuil de 3,25% des voix pour entrer à la Knesset.

Outre le score du Likoud et du parti Bleu-blanc, les résultats des alliés potentiels de chacun seront déterminan­ts, car la question n’est pas tant de savoir qui aura le plus de sièges entre Netanyahu et Gantz mais lequel des deux sera en mesure d’atteindre, par des alliances, le nombre magique de 61 députés, seuil de la majorité au Parlement.

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