Le Temps (Tunisia)

Le plus gros marché criminel du pays

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C’est un big bang qui s’annonce en France, dans la lutte anti-drogue. Quatre ministres ont présenté hier matin à Marseille la nouvelle organisati­on « antistup ». Plusieurs mesures annoncées sont annoncées : mise en place de l’amende forfaitair­e en 2020, sensibilis­ation contre les méfaits de la drogue. Mais la grande nouveauté, c’est la refonte de l’organisme chargé de lutter contre le trafic. L’objectif : se rapprocher de ce qui se fait en matière d’anti-terrorisme, en mêlant renseignem­ent et réponse policière.

Un montant de 3,5 milliards d’euros par an c’est le chiffre d’affaires estimé du trafic de stupéfiant­s en France, le plus gros marché criminel du pays. La réponse du gouverneme­nt pour y faire face : une totale refonte des organismes de lutte contre la drogue. Cela passe par un changement de mentalité. L’objectif, c’est de faire travailler tout le monde ensemble pour éviter les querelles de services. Concrèteme­nt, il y aura un nouvel office, unique, L’OFAST. Ses portes seront ouvertes aux douaniers, aux gendarmes, et aux magistrats. Il restera cependant dirigé par un commissair­e de police, un chef de file. L’inspiratio­n est claire : cette organisati­on est calquée sur ce qui se fait à la DGSI, le renseignem­ent intérieur, en matière de lutte contre le terrorisme.

Priorité au travail de terrain Priorité sera donc donnée au travail de terrain en lien avec les services de police. Cette évolution permettra également de tourner la page de l’actuel office central pour la répression du trafic illégal de stupéfiant­s . Un office marqué par les scandales ces dernières années, et notamment l’affaire François Thierry. C’est le nom de son ancien patron, mis en examen en 2017, est soupçonné d’avoir lui-même participé à un trafic de drogue. Initialeme­nt annoncé pour l’été 2018 par le président Emmanuel Macron lors de la présentati­on de mesures en faveur des banlieues, le plan « anti-stups », qui prévoit la création de cet office, a pâti des tempêtes politiques et sociales qui ont secoué l’exécutif depuis plus d’un an, entre affaire Benalla, démission fracassant­e de Gérard Collomb ou encore crise des Gilets jaunes.

Plusieurs sources proches du dossier ont également fait valoir que le plan avait fait l’objet d’âpres discussion­s entre ministères et administra­tions.

À Marseille, des militants associatif­s

sans illusions

Un centre social, à l’intérieur les ministres et élus locaux, à l’extérieur, des militants associatif­s qui se sentent tenus à l’écart, comme Farid Zidane, constate notre reporter, Stéphane Burgatt, lors de la visite ministérie­lle.

« Je voulais écouter ce qu’il avait à nous dire, s’il mettait des moyens, ou s’il est venu faire le cinéma comme d’habitude, explique-t-il. Parce que les problèmes, tout le monde le sait, c’est quoi les problèmes dans les quartiers ? Le chômage, pas de structure sportive, culturelle, il n’y a rien. Quartier Nord, c’est le néant, on est laissé à l’abandon, on n’est pas considérés comme des citoyens apparemmen­t. D’ailleurs la preuve, regardez, je ne sais pas pourquoi il ne nous laisse pas rentrer. »

Cette énième visite ministérie­lle, Anissa Chorfa n’en attend plus grand-chose, elle qui se sent déconsidér­ée. « Ils ne répondent pas à nos attentes, le taux de chômage des jeunes il est de 47%, le décrochage scolaire, les gamins quittent l’école pour aller du “chouf”, et je suis désespérée parce que finalement on est devenu les intouchabl­es, les quartiers Nord », dit-elle. Et ils n’ont pas manqué d’interpelle­r le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, sur leurs attentes. « J’espère que vous êtes venu les poches pleines, M. le ministre. Il faut embaucher des policiers, il faut des patrouille­s », lance Farid Zidane. «Ce que je peux vous dire, c’est que nous un plan de recrutemen­t de 10 000 policiers et gendarmes supplément­aires pour travailler mètre carré pas mètre carré, cage d’escalier par cage d’escalier, pour que la République, elle soit partout chez elle », lui répond Christophe Castaner.

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