Les experts lancent un cri d’alarme
Le budget de l'etat passe de 18,33 milliards de dinars en 2010 à 47 milliards de dinars en 2020
A quelques jours des élections législatives, les Tunisiens retiennent leur souffle dans l’attente des résultats du scrutin dans un climat politique très tendu et une ambiance électorale aléatoire et ouverts pouvant aboutir à plusieurs scénarios. Incertitude, invisibilité et flou alimentent les craintes légitimes des chefs d’entreprises, les experts, les économistes mais aussi les donneurs d’ordre.
A quelques jours des élections législatives, les Tunisiens retiennent leur souffle dans l’attente des résultats du scrutin dans un climat politique très tendu et une ambiance électorale aléatoire et ouverts pouvant aboutir à plusieurs scénarios. Incertitude, invisibilité et flou alimentent les craintes légitimes des chefs d’entreprises, les experts, les économistes mais aussi les donneurs d’ordre. Tout ce beau monde a de quoi s’inquiéter et s’impatientent quant à l’épilogue d’un feuilleton pour le moins qu’on puisse dire incertain. Désarroi, inquiétudes et peur de l’avenir : tel est le feeling général. Entre temps, l’économie s’avère le « grand perdant » du processus transitionnel. Entre libéralisme, protectionnisme et populisme, les futurs élus sous l’hémicycle auront la rude tâche de discuter et d’approuver la loi de finances et le budget de l’etat pour 2020. Un budget estimé à 47 milliards de dinars contre 40,8 milliards de dinars en 2019 et 18,335 milliards de dinars en 2010, soit en hausse de 15% par rapport à 2019 et de 156% par rapport à 2010.
Dans un post facebook, l’expert-comptable Walid Ben Salah affirmé que : « Le budget de 2020 représente 37% du PIB, une proportion largement au-dessus de la norme de 25 à 28%. Le malheur est que plus de 85% dudit budget est destiné à financer les dépenses courantes, notamment une masse salariale de 19 milliards de dinars (15% du PIB), des subventions, des interventions et des transferts de l’ordre de 8 milliards de dinars et un service de la dette publique de près de 11 milliards de dinars »
Les dépenses publiques devront poursuivre leur rythme effréné et leur rapport disproportionné par rapport à la richesse nationale, laquelle devrait tout compte fait augmenter de 9% au prix courant. Il va sans dire qu’en 2010, la masse salariale ne dépassait pas les 7 milliards de dinars, soit un écart de 12 milliards de dinars en 10 ans.
Pour l’expert-comptable, cette proportion démesurée, est appelée à augmenter davantage puisque les dépenses dévoratrices de richesses seraient en évolution continue (augmentations de salaires, augmentation du service de la dette, inflation non maîtrisée, etc), alors que la productivité et la croissance sont en perte de vitesse. Et d’ajouter :
« Nous vivons, donc, dans un Etat fortement dépensier sans freins ni limites ; un Etat qui vit excessivement au-dessus de ses moyens ; un Etat qui est en train de détruire la valeur ajoutée et par, là même, l’épargne publique, le pouvoir d’achat du citoyen et la capacité de résilience des entreprises …Un changement radical des politiques économiques, budgétaires et monétaires s’impose et dans l’urgence la plus extrême ; sinon… », cmartèle-t-il.
Un constat alarment brossé par plusieurs observateurs et économistes qui craignent le pire surtout si ça se termine en « queue de poisson ». Tout reste intimement lié à la composition de L’ARP, du prochain gouvernement, des prochaines coalitions au pouvoir et surtout de la prochaine doctrine à qui sera confié le gouvernail d’une embarcation en pleine bourrasque.
Taoufik Baccar, ministre des Finances, Gouverneur de la BCT durant le règne de Ben Ali, et actuellement président du Centre international Hédi Nouira, de prospective et d'études pour le développement (CIPED), est également sorti de son silence mettant en exergue la faiblesse de la croissance économique et la fragilité de la conjoncture économique. Dans une publication datée du mois de Mars dernier au moment de la campagne de présentation de son livre « Miroir et horizon : rêver la Tunisie », il écrivait : « Quel désarroi , quelles inquiétudes et quelle peur de l’avenir ,de quoi vous donner froid au dos… Je n’ai jamais vu la Tunisie dans cet état , je n’ai jamais senti un désarroi aussi profond. Je veux bien encore croire à ceux qui disent qu’il faut laisser le temps à l’accomplissement de la transition politique mais manifestement le peuple n’y croit plus ».
Le cercle Kheiredine a appelé hier les partis, les coalitions politiques et les mouvements démocratiques, progressistes et républicains à élaborer et à signer rapidement un Pacte Républicain.
Tout le monde vit sur un brasier. Sont-ils à plaindre ? rien ne sert d’anticiper. Sinon jouer au devin !