Le Temps (Tunisia)

Au moins 25 soldats tués et 60 disparus

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Au moins 25 soldats maliens ont été tués lors d'intenses combats dans le centre du pays, les 30 septembre et 1er octobre 2019, pour le contrôle de deux camps militaires. Ils ont été attaqués par des terroriste­s qui ont eux-mêmes perdu 15 hommes, a indiqué le gouverneme­nt malien.

Il s'agit d'un des coups les plus durs essuyés par l'armée malienne depuis des mois, mais aussi par la force des pays du G5-sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad et Niger), dont relève un des bataillons maliens attaqués. Une soixantain­e de soldats maliens sont par ailleurs portés disparus et l'armée a essuyé de lourdes pertes en matériel, a ajouté le gouverneme­nt dans un communiqué.

L'armée malienne est cependant parvenue à reprendre et conserver le contrôle des positions attaquées à Boulkessy et à une centaine de kilomètres de là, à Mondoro, a déclaré le gouverneme­nt. Ce dernier a par ailleurs indiqué que les combats se poursuivai­ent et qu'une opération "d'envergure" des forces maliennes, mais aussi burkinabè appuyées par la force française antiterror­iste Barkhane, était en cours pour neutralise­r les assaillant­s.

Ces hostilités sont une nouvelle illustrati­on de la dégradatio­n continue de la situation sécuritair­e dans le pays en proie depuis 2012 aux insurrecti­ons indépendan­tistes, salafistes et terroriste, et à des violences interethni­ques meurtrière­s. De larges pans du territoire échappent au contrôle du pouvoir central malien.

Des éléments appartenan­t au groupe Ansaroul Islam, selon la Force du G5-sahel, ont lancé l'offensive, le 30 septembre, contre le bataillon malien de la force à Boulkessy, près de la frontière avec le Burkina Faso. Ansaroul Islam est accusé de semer la terreur dans le nord du Burkina. Au même moment, le détachemen­t de l'armée malienne à Mondoro a lui aussi été attaqué. Les informatio­ns en provenance de la zone très difficile d'accès sont rares, mais celles qui en parvenaien­t faisaient état de violents affronteme­nts et de lourdes pertes – y compris des civils – sur lesquelles les autorités maliennes ont gardé le silence jusqu'au 1er au soir.

Les positions de Boulkessy sont tombées entre les mains des assaillant­s. De lourds moyens, y compris aériens, ainsi que des forces spéciales ont été engagés pour les reprendre, a indiqué une source militaire. Après le déploiemen­t des forces spéciales, les forces maliennes, "malgré les tirs de harcèlemen­t des terroriste­s, ont pu réoccuper le camp de Boulkessy ce mardi soir", a dit le gouverneme­nt.

Outre les 25 soldats tués, quatre ont été blessés et évacués. "Du côté des terroriste­s, au moins 15 (ont été) tués et cinq véhicules détruits par les frappes aériennes", a dit le gouverneme­nt. Quant à Mondoro, la reprise de contrôle par les forces maliennes y était confirmée dès mardi matin (1er octobre).

Les forces maliennes n'avaient pas connu un tel bain de sang depuis le 17 mars, quand une attaque terroriste contre un camp de l'armée à Dioura (centre) avait fait près de 30 morts. Les terroriste­s ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une interventi­on militaire, qui se poursuit actuelleme­nt.

Cependant, les violences terroriste­s ont persisté, puis se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, et enfin au Burkina Faso et Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommu­nautaires qui ont fait des centaines de morts.

L'impuissanc­e face à la propagatio­n des violences au Mali et au Sahel faisait dire il y a une semaine au secrétaire général de L'ONU, Antonio Guterres, que la communauté internatio­nale était "en train de perdre du terrain face à la violence et au terrorisme". "Le nombre de morts civiles entre 2012 et 2018 a été multiplié par quatre" dans les pays du G5-sahel, avait également souligné Antonio Guterres lors d'une réunion de haut niveau consacrée au Mali et au Sahel, en marge de l'assemblée générale des Nations unies.

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