Les tartufes révolutionnaires
Davantage que la victoire aux élections législatives du 6 octobre, des commentateurs politiquement neutres nous ont dit que ce qu’ils regrettent par-dessus tout, à cette occasion, est que les nostalgiques des époques ténébreuses de l’esclavagisme, de la théocratie, de la polygamie, du châtiment des enfants, et des croyances saugrenues au surnaturel et à l’extraordinaire.
Davantage que la victoire aux élections législatives du 6 octobre, des commentateurs politiquement neutres nous ont dit que ce qu’ils regrettent par-dessus tout, à cette occasion, est que les nostalgiques des époques ténébreuses de l’esclavagisme, de la théocratie, de la polygamie, du châtiment des enfants, et des croyances saugrenues au surnaturel et à l’extraordinaire. Ces obscurantistes islamistes et autres religieux de tous bords pour qui l’homme est littéralement « l’esclave de Dieu » et un pêcheur immonde, ces ennemis déclarés de l’esprit humain, du progrès, de la liberté, et de la science dans ce qu’elle a de plus vrai et de plus révélateur de la grandeur de l’homme, osent se proclamer «révolutionnaires» et représentants attitrés de la révolution historique du peuple tunisien de janvier 2011.
Ne voit-on pas, encore, ces tartufes arriérés, à l’époque de l’émancipation généralisée des sociétés avancées de toutes les aliénations anachroniques du passé, tels les sorciers d’antan, entamer chaque acte, grand ou petit, par la déclamation de formules propitiatoires et invoquer les noms de leurs divinités farouches afin de demander leur permission et leur bénédiction, hantés par la peur de les contrarier et de les courroucer et s’en remettant totalement à leur incommensurable volonté.
Où est l’homme, artisan des révolutions, dans cette vision fataliste et servile, a noté un commentateur, et qu’ont-ils fait de révolutionnaire, ces faux dévots, lorsqu’ils avaient été propulsés au pouvoir, en Tunisie, au lendemain de la révolution de janvier 2011, sur les épaules de masses crédules, conditionnées par une éducation familiale et publique des plus débiles ? Or, de l’avis de tous, a-t-il dit, la révolution se traduit autant par la démolition des formes et des manières anachroniques de penser et de se comporter héritées du passé que par la réalisation d’un changement radical dans les structures et les représentations politiques, économiques, sociales, et morales de la société, en fonction du nouveau contexte historique.
Il est vrai que la Tunisie a changé, sous leur règne, a-t-il ajouté, mais à reculons, en retournant au passé, pire à un passé dénaturé, comme chacun peut le constater, entre mille autres choses, dans l’envahissement sans précédent de ces tenues féminines religieuses venues d’on ne sait où? Peut-on, de nos jours, prétendre au statut de révolutionnaire quand on présente l’acceptation de la photo de la femme voilée pour l’obtention d’une carte d’identité nationale comme un grand acquis historique ? Et pourtant, il en fut ainsi en 2012 pour nos révolutionnaires tunisiens des époques ténébreuses.
Revenants
Et comment de leur exil doré dans les pays européens, soit disant leurs rivaux idéologiques et terre de combat, selon leurs fantasmes, ces revenants d’autre monde peuvent-ils prétendre à l’honneur d’une participation directe à la révolution tunisienne de janvier 2011, à moins de compter parmi leurs troupeaux les cellules terroristes dormantes contre lesquelles l’ancien régime chancelant mettait, en vain, en garde comme étant derrière le soulèvement.
C’est un ancien étudiant de l’université islamique de la Zitouna, se réclamant de l’islam éclairé de l’espèce de celui prôné par les musulmans coraniques de feu Mohamed Talbi, qui a employé ce qualificatif de « troupeau » pour désigner les disciples et supporters des décadents politiques islamistes.
Quoique ce soit une affaire purement interne, il a évoqué la remise en question profonde que certains intellectuels de cet Islam éclairé, de nos jours, oeuvrent à opérer dans la pensée islamique, en dénonçant les errements tant de l’islam officiel enseigné dans les Universités religieuses arabes et islamiques que l’islam politiquement instrumentalisé, dont notamment la remise en question de la véracité de tout ce qui est institutionnalisé comme Sunna du prophète Mohamed sur la base des deux traités des savants Boukhari et Muslim. Ces intellectuels rejettent les contenus de ces deux traités comme étant des faux.
Les scientifiques, entre autres, ne peuvent que soutenir une telle action, car l’islam reste, quand même, comme toutes les autres religions, un élément de la civilisation humaine.