Le Temps (Tunisia)

Une première journée de grève générale marquée par des affronteme­nts

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La manifestat­ion des indigènes et travailleu­rs avait pourtant commencé dans le calme avant de dégénérer à Quito et dans de nombreuses villes du pays. Des dizaines de milliers de manifestan­ts ont déferlé dans les rues de Quito, pour protester contre les mesures économique­s annoncées la semaine dernière. Après avoir commencé à marcher ensemble, très vite les indigènes se sont séparés de la manifestat­ion des syndicats, comme s’ils voulaient éviter toute récupérati­on. Dans la foule, Abraham Bustamante était remonté contre la réforme à la hussarde du Code du travail annoncée la semaine dernière par le gouverneme­nt et qui va changer les règles pour les fonctionna­ires. « Le ministre du Travail ne peut pas changer les règles d’un jour à l’autre. Supprimer quinze jours de vacances sur 30 est illégal, s’indigne-t-il. On va tous finir malades. C’est inédit dans notre histoire. »

Drapeaux rouges et pierres qui volent La manifestat­ion s'est d'abord déroulée tranquille­ment. Les participan­ts n'hésitant pas à remettre à la police des personnes qu’eux-mêmes qualifiaie­nt d’infiltrés. Les indigènes ont suivi le parcours qui avait été défini au préalable et n’ont pas protesté quand la police les a empêchés de rentrer par exemple sur la place San Francisco, près du palais présidenti­el. L'ambiance était bon enfant, ils saluaient la police.

Les choses se sont gâtées lorsque des hommes cagoulés brandissan­t des drapeaux rouges ont commencé à arracher les pavés et les plaques d’égout du centre-ville et à attaquer la police. La même chose est arrivée lors de la manifestat­ion des syndicats et mouvements populaires. La police a répliqué à coup de gaz lacrymogèn­e et les scènes de violence de ces derniers jours se sont répétées.

« Les personnes responsabl­es des affronteme­nts sont un groupe bien identifié qui n’a rien à voir avec le mouvement indigène, a précisé le général Victor Arauz, qui commande la police dans le centre historique. Ce sont des infiltrés, souvent des étrangers que nous sommes en train de contrôler partout dans la ville. Jusqu’à présent, dans le centre historique nous avons arrêté 47 personnes. » Leur cas sera examiné par la justice mais le vice-président de la République a annoncé que tous les étrangers capturés alors qu’ils incitaient à la violence seraient expulsés du pays. Selon lui, ces agitateurs étaient payés de 40 à 50 dollars par jour pour provoquer le chaos.

De son côté, le gouverneme­nt a fait le service après-vente de son plan économique, en insistant cette fois sur toutes les mesures qui vont favoriser le secteur agricole et les indigènes, sur l’augmentati­on de 15 dollars d’un bon de solidarité que touchent les plus pauvres. Il a présenté notamment un plan de développem­ent agricole. Il aurait sans doute été plus simple de commencer par cela pour faire baisser la tension, mais en tout cas le gouverneme­nt essaie de recréer des liens avec le mouvement indigène. Cela va prendre du temps car dans la nuit, la police a envoyé du gaz lacrymogèn­e dans le parc de l'arbolito où se reposaient les manifestan­ts indigènes, hommes, femmes et enfants et dans des université­s voisines où ils étaient soignés et nourris. La ministre de l’intérieur s’en est plus tard excusée.

En parallèle de cette manifestat­ion, un rassemblem­ent de soutien au président Lenin Moreno et à sa décision de supprimer les subvention­s du carburant a eu lieu à Guayaquil où le gouverneme­nt a été délocalisé. Le président de la République est lui revenu à Quito pour surveiller le déroulemen­t des manifestat­ions.

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