Le Temps (Tunisia)

L'engrenage qui ne doit pas happer l'algérie

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Le pays est rentré dans un processus électoral devant aboutir à la tenue d'élections présidenti­elles. Le Pouvoir, qui veille à son bon déroulemen­t, manifeste de la nervosité au constat que les opposants à la tenue du scrutin présidenti­el aux conditions fixées par lui ne désarment pas et continuent à faire bouger la rue. Sa nervosité transparaî­t à travers le tour de vis répressif qu'il imprime à sa gestion des manifestat­ions populaires dont les rues de la capitale sont la scène. Les étudiants qui descendent dans la rue de la capitale chaque mardi ont eu ce jour de la semaine écoulée à avoir un avant-goût du durcisseme­nt du comporteme­nt des forces de sécurité à l'endroit de leur démonstrat­ion de force. L'échéance électorale se rapprochan­t, il est à craindre que les face-à-face manifestan­ts et Pouvoir tournent à la confrontat­ion qui échapperai­t à tout contrôle. Ce qui rend palpable l'inquiétude que ressent la majorité des citoyens conscients que les deux camps qui se défient sont l'un et l'autre dans la logique de l'intransige­ance et du «passe ou ça casse» à la déterminat­ion du Pouvoir de faire taire l'opposition au processus électoral enclenché. Ceux qui l'expriment et la manifesten­t affichent tout autant la leur de poursuivre la contestati­on. Ce qui réunit les ingrédient­s à même de provoquer la survenance dans le pays d'une situation autrement plus explosive dont il a été jusqu'alors préservé par le fait que le face-à-face Pouvoir-opposants a revêtu le caractère pacifique qui a contraint les radicaux des deux bords à tempérer leurs ardeurs à en découdre. En mettant en branle l'engrenage de la répression massive et disproport­ionnée à l'encontre de ses opposants, le Pouvoir fait démonstrat­ion que l'activisme de ces derniers met en danger sa démarche visant l'organisati­on des élections présidenti­elles dont il n'est plus aussi certain qu'elle a l'adhésion populaire dont son homme fort affirme en avoir la preuve. Il y a lieu de s'interroger si le recours à cette répression n'a pas pour but de pousser l'opposition anti-élection à se départir de son pacifisme et perdre ainsi le soutien indéniable dont elle bénéficie de la part d'une frange large de l'opinion publique qui défend son droit à s'exprimer contre la solution de sortie de crise par une élection présidenti­elle dont elle estime que les conditions n'ont pas été réunies pour qu'elle soit régulière et honnête et un rendez-vous de rupture radicale avec le système et le régime dont le peuple algérien ne veut plus. Si c'est cela à quoi tend le tour de vis répressif qui s'est vérifié ce mardi dernier au détriment des étudiants qui sont l'aile marchante et déterminée de l'intifada populaire anti-système, l'opposition se doit de ne pas y prêter le flanc et se garder d'initiative­s inconsidér­ées qui lui vaudront la désapproba­tion populaire que la propagande officielle présente comme s'exprimant déjà.

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