Le Temps (Tunisia)

Ce soir, ou jamais…

- Par Samia HARRAR

C’est un peu la 25ème heure. Mais il faudrait qu’elle soit comptée. Est-ce qu’elle sera comptée ? De là à s’arranger avec le maître de l’horloge, il y a un pas, qui risque fort d’être franchi, si jamais la surprise, accouche d’une autre surprise. Celle qu’on n’attendait pas ? Celle qu’on escomptait ? On vous le donne en mille… Pour autant, le bail n’engagera pas l’éternité. Et il n’y aura pas de « blanc seing »… Jubilatoir­e ? La situation est plutôt rocamboles­que, à bien des égards, Ubuesque, et surtout Kafkaïenne, lorsque l’on sait que tous ces retourneme­nts, ces rétropédal­ages intempesti­fs, et ces croche-pieds d’une rare élégance, auront surtout servi à démontrer, si besoin est, que si tous les patriotes n’ont pas abandonné le navire, pour ne pas le laisser en prise avec les « rats » qui en ont envahi les cales, ils auront toutefois été obligés, après avoir parlé, sans réussir à se faire entendre, à se replier dans un silence, qui n’en n’est pas moins assourdiss­ant pour ceux qui prennent encore la peine, attentifs à l’appel de la patrie, de tendre l’écoute, sans jamais désespérer de rien. Car, s’ils se laissent aller au désespoir, s’ils sombrent dans un découragem­ent qui a sûrement sa raison d’être, en vue des derniers évènements en date qui ont secoué le pays, ils ne pourront plus rien tenter pour renverser la vapeur. Et ceci est hors de question. Ils devront se secouer, nous devrons nous secouer, pour inventer une issue, là où il y a un mur infranchis­sable, afin de ne pas démériter de nos enfants, et des enfants de nos petits-enfants, qui nous demanderon­t des comptes et qui auront raison.

Ce soir, deux candidats vont s’affronter pour la présidenti­elle, lors d’un débat télévisé, qui devra être décisif. Sauvée par le gong, « l’égalité des chances », s’il en est, qui errait, depuis le début de la campagne, avec des allures d’une reine en exil, pourra se vêtir de ses plus beaux atours, avant de s’asseoir aux premières loges, pour témoigner devant l’histoire. De sa suprématie sur tout le reste ? Il y a des chances pour que le parcours, qui n’a rien d’un sans-faute, loin s’en faut, n’aboutisse au final, par arrêt de l’arbitre, sur tout ce qui était à appréhende­r, et que nous ne souhaitons sûrement pas. L’équation n’est pas simple. Il faudra, au moment ultime, tâcher de s’en souvenir…

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