Le Temps (Tunisia)

La Banque Mondiale prévoit une croissance en dessous de 2% en 2019 pour la Tunisie

• L’institutio­n internatio­nale met en garde contre la menace oligarchiq­ue sur les pays de la région • Affaire BFT : la BM interpelle les autorités quant à la nécessité de constituer des provisions

- La dette publique culminera 89% du PIB en 2020 Yosr GUERFEL AKKARI

La Banque Mondiale vient de publier son rapport sur la croissance économique dans la région MENA. L’institutio­n prévoit une croissance de 0.6% en 2019 contre 1,2% en 2018. Un niveau dérisoire, expliqué par la baisse des cours du baril et la contractio­n plus forte que prévue de l’économie iranienne. « Des risques de dégradatio­n substantie­ls assombriss­ent les perspectiv­es économique­s de la région, dont notamment l’intensific­ation des difficulté­s de l’économie mondiale et la montée des tensions géopolitiq­ues », souligne le rapport.

À moyen terme, la Banque mondiale prévoit une progressio­n du PIB réel de 2,6 % en 2020 et 2,9 % en 2021. Le rapport a mis en exergue l’accroissem­ent de la croissance en Egypte stimulée par les réformes du régime de change, des finances publiques et du secteur énergétiqu­e. L’égypte a ainsi affiché au premier semestre 2019 une croissance de 5,4 %, en hausse par rapport à 2018 (5,2 %).Dans son bulletin d’informatio­n économique, la BM appelle les décideurs de la région à promouvoir une concurrenc­e loyale. « Le moment est venu pour les pays de la région de s’atteler à la fois à démanteler les monopoles qui existent sur leurs marchés et à tirer parti de leur demande intérieure collective pour promouvoir une croissance tirée par les exportatio­ns vers les autres pays de la région et au-delà. », souligne la même source. L’institutio­n de » Bretton Woods » épingle la domination des marchés par les entreprise­s publiques et des opérateurs à la faveur de bonnes connexions politiques, pratique déloyale qui décourage l’investisse­ment privé, réduit par-dessus le marché le nombre d’emplois et exclut de la prospérité un bon nombre de jeunes plein d’enthousias­me. La BM met en garde ainsi contre la menace oligarchiq­ue, ou encore l’influence pesante des puissances financière­s sur le pouvoir politique. La Tunisie, cette jeune démocratie se trouve aujourd’hui contrainte de faire face à cette menace. Dans son ouvrage : « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie », Hervé Kempf a appelé à la séparation entre la sphère publique et la sphère économique comme étant l’un des fondements essentiels de la démocratie.

« L’absence de concurrenc­e loyale dans la région freine le développem­ent du secteur privé, alors qu’il s’agit du moteur d’une croissance généralisé­e et de la principale source d’emplois, explique Rabah Arezki, économiste en chef de la Banque mondiale pour le Moyen-orient et l’afrique du Nord.

Les pays de la région pourraient transforme­r leur économie en instaurant des règles du jeu équitable et en fournissan­t un environnem­ent qui encourage la prise de risques et récompense les efforts d’innovation et de productivi­té. », ajoute le rapport qui préconise entre autres d’assurer une gouvernanc­e plus efficace des entreprise­s publiques, de promouvoir le secteur privé et asseoir le pouvoir des autorités de régulation nécessaire­s. Pour ce qui est des prévisions de croissance pour la Tunisie, la BM prévoit une croissance en dessous des 2% en 2019.

« L’inflation devrait continuer à diminuer, pour autant que la politique monétaire reste focalisée sur ses objectifs centraux. Le taux de pauvreté devrait rester en deçà de 3 %. Le déficit budgétaire pour 2019 devrait atteindre 5,3 % du PIB par rapport à l’objectif initial fixé par la loi de finances, soit 3,9% du PIB, en raison d’un taux de croissance du PIB nettement inférieur aux prévisions, des hausses de salaires dans la fonction publique et d’une croissance à deux chiffres des paiements d’intérêts. La dette publique culminera », prévoit la BM.

En ce qui concerne l’affaire BFT, et en relation avec la récente décision de justice à la défaveur de l’etat, la BM souligne la nécessité de constituer des provisions. L’améliorati­on de la situation en 2020 dépendra toutefois du train des réformes à engager après les élections présidenti­elle et législativ­es.

« Les marchés sont dominés par les entreprise­s publiques et les opérateurs jouissant des bonnes connexions politiques »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia