Le Temps (Tunisia)

Le plus dur reste à faire

- Par Chokri BEN NESSIR

C’est aujourd’hui que le peuple décidera de qui sera président. On espère qu’avec ce vote on entre dans une ère de stabilité politique au niveau des institutio­ns après l’élection la semaine dernière des membres du nouveau Parlement. Toutefois, le plus dur reste à faire. Car, au-delà du scrutin et de la victoire de l’un ou de l’autre candidat en lice, il s’agit de ne pas opposer une douleur à une autre et de continuer à nous battre contre les discours qui nous jettent les uns contre les autres. Nous devons continuer à nous battre contre les divisions qui déchirent les diverses couches du peuple, contre les intégriste­s, contre les obscuranti­stes, contre les forces de la division.

Pour y parvenir, c’est avec l’amour de la Tunisie au coeur qu’il faudra aborder la nouvelle période afin de montrer à tous ceux qui ont parié sur l’échec du modèle tunisien que notre pays est une voix qui s’élève au-dessus des intérêts particulie­rs et des clivages partisans.

L’on s’attend donc avec impatience de voir la nouvelle équipe aller au charbon pour former un nouveau gouverneme­nt qui mettra tout son coeur, toute son énergie, toute sa force, au service de la Nation. En effet, servir la Tunisie, servir sa stabilité, c’est l’engagement qui doit primer avant toute autre considérat­ion. Bien que les résultats n’aient pas donné une mosaïque harmonieus­e, on voudrait tant voir cette équipe trouver le feu sacré pour bousculer davantage les conservati­smes et les égoïsmes, pour répondre plus vite aux difficulté­s que connait le pays et de restaurer les valeurs républicai­nes essentiell­es, de conduire les réformes nécessaire­s, de combattre sans relâche l’insécurité, de faire reculer la criminalit­é et d’engager les Tunisiens sur les chemins de l’innovation et de l’avenir. Certes, il faut aller beaucoup plus loin pour que la Tunisie réaffirme sa place dans le concert des nations libres. Il n’empêche, au nom de la confiance que le peuple vous a témoigné, il vous incombe plus que jamais à ne pas composer avec le rejet de l’autre, ce poison qui divise, qui pervertit, qui détruit et qui a déjà failli nous conduire à l’abîme, pour mener le beau combat, celui de l’unité et de la cohésion. Et même si on mesure le chemin qui reste à parcourir, on sait que le plus dur reste à faire. Mais l’honneur de la politique, n’est-il pas d’agir pour l’égalité des chances, de permettre à chacun d’avoir sa chance malgré tous les obstacles ? Ce nouveau combat qui vous incombe, il faut le prendre à bras-le-corps. Il faut y imprimer votre marque et vite. Et il faut le faire sans jamais brader notre modèle Tunisien. Ce modèle qui nous ressemble et qui est le seul à pouvoir nous unir dans la durée. L’heure est grave et le peuple qui a tant subi, espère respirer de nouveau, et cette bouffée d’oxygène si elle ne vient pas des urnes, la déprime pourra enfler et la dérive possible. C’est pourquoi il serait immoral et même dangereux de laisser, sous l’effet d’un laxisme sans frein, se creuser le fossé entre les politiques et les citoyens abandonnés à la misère et au désespoir. Votre devoir est de peser de tout votre poids pour que le pays ne sombre pas.

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