Le Temps (Tunisia)

Les juges ne dépendent plus de l’exécutif !

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Dans une interview accordée à un journal électroniq­ue de la place, la veille de la libération de Karoui, le président du conseil supérieur de la magistratu­re, Youssef Bouzekher a déclaré notamment à ce propos :

« La détention préventive de M. Karoui, soupçonné de blanchimen­t d’argent et d’évasion fiscale, a soulevé de nombreuses questions sur la justice tunisienne, soupçonnée d’obéir aux instructio­ns du chef du gouverneme­nt. Pourtant, les juges ne dépendent plus de l’exécutif, mais du Conseil supérieur de la magistratu­re (CSM), censé veiller à l’indépendan­ce de la justice. La création de cette institutio­n avait été prévue par la Constituti­on de 2014, mais ce n’est que depuis le 27 septembre 2019 que le CSM est pleinement constitué avec ses 45 membres ». Il n’y a pas eu d’interventi­on gouverneme­ntale dans des décisions de justice. Cependant, l’interventi­on des politiques est sous-jacente, elle a lieu à un niveau institutio­nnel et cela me semble encore plus dangereux. Il y a une tendance, volontaire ou pas, d’«amenuiser» l’institutio­n judiciaire. Notre Constituti­on a mis la barre assez haut en matière d’indépendan­ce de la justice, mais la loi organique du CSM adoptée par les élus sortants en a limité les effets. La motivation était claire : marginalis­er le Conseil et en faire un gestionnai­re de ressources humaines des magistrats qui se limite à la promotion, aux mutations et à la discipline. C’est tout. C’est pour cela que nous comptons sur la conscience citoyenne : une justice indépendan­te est une nécessité et la seule apte à sauver la transition démocratiq­ue ».

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