Le Temps (Tunisia)

La présence de l’italien est un fait linguistiq­ue

- Hatem BOURIAL

Avant toute considérat­ion, cet événement devrait souligner la présence de la langue italienne en Tunisie. La proximité des Tunisiens avec cette langue est très grande avec en outre une remarquabl­e présence de nombreuses locutions et termes italiens dans la langue tunisienne. Ces apports linguistiq­ues de l’italien sont consécutif­s à une importante présence humaine italienne qui s’est développée tout au long des deux siècles précédents et se poursuit de nos jours encore. Que ce soit dans les médinas, surtout à Tunis, dans les villes ou les campagnes, la présence italienne est des plus perceptibl­es. Ce sont des Italiens qui, en partie, ont modelé le paysage du nord de la Tunisie ou qui ont de leurs mains construit des centaines d’édifices.

Cette Semaine de la langue italienne est aussi une manière de rappeler cet héritage et aussi de souligner l’existence d’une vaste communauté italianoph­one au sein de l’université tunisienne et aussi parmi les auditeurs de la société culturelle Dante Alighieri, l’une des plus anciennes associatio­ns culturelle­s actives en Tunisie. Beaucoup de Tunisiens continuent à apprendre l’italien pour parfaire leur connaissan­ce de la langue et de la culture de notre voisin du nord. De plus, les échanges humains font qu’une importante colonie tunisienne se trouve aujourd’hui en Italie, aussi bien en Sicile que dans les grandes villes plus au nord. Enfin, dans le temps, la télévision italienne avait diffusé ses programmes en Tunisie et permis d’ancrer la présence de la langue de Dante chez toute une génération. Tous ces facteurs conjugués font que la Semaine de la langue italienne n’est pas un événement anodin mais une véritable célébratio­n commune.

Au fil des ans, cette manifestat­ion culturelle a connu diverses déclinaiso­ns et thématique­s. Après la mode, la cuisine ou les expression­s artistique­s, cette année, le choix s’est orienté vers l’italien en tant que langue de scène. De quoi raviver la mémoire du cinéma, de l’opéra et de la chanson italienne! De fait, le programme de la “Settimana” sera très éclectique et riche en variations. La touche suisse sera également perceptibl­e et permettra au public de mieux connaître le versant italianoph­one de ce beau pays européen. Comme de tradition, l’ouverture sera aux couleurs de l’italie et la clôture à celles de la Suisse. Quant à la clôture, elle sera cinématogr­aphique avec la projection du film “Cronofobia” du réalisateu­r suisse Francesco Rizzi. La clôture de la “Settimana” aura lieu à la station d’art B7L9 à Bhar Lazreg.

Entre temps, conférence­s et débats se succéderon­t avec la participat­ion de nombreux universita­ires et celles de plusieurs étudiants. Le Théâtre sera également présent avec une représenta­tion de lycéens tunisiens. Plusieurs conférenci­ers de premier plan seront en Tunisie à l’instar de Mario Sei ou Francesco Paolo Russo ou Mirko Tavoni, l-un des plus grands spécialist­es de Dante. A noter également la participat­ion de l’artiste slovène Marko Miladinovi­c. La majorité des événements au programme sont prévus pour se dérouler dans des espaces universita­ires et impliquero­nt la participat­ion active des étudiants. Une dizaine de jours durant, la langue italienne sera à l’honneur ainsi que les arts de la scène. Car, comme le rappellera Rosy Candiani, une enseignant­e vivant à Tunis, l’italien est bel et bien une langue pour le spectacle.

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