Le Temps (Tunisia)

Malgré la guerre en Libye

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L’informatio­n paraît improbable, tant la situation sur place semble rendre impossible la mise en place du projet : un service de transport urbain dans la ville de Tripoli, pourtant en proie à de violents combats. Selon un article de l’agence Ecofin, le service aurait dû démarrer à la mi-septembre. Trente-cinq bus fabriqués en Chine sont ainsi prêts à prendre la route. Climatisés, ils peuvent transporte­r 40 passagers assis et 20 debout.

Selon le patron de la société, Aboubakr Qormane, «il est urgent de rétablir les services de transports en commun à Tripoli, qui souffre de leur absence». En fait, les transports en commun ont disparu depuis une trentaine d’années dans la capitale libyenne, bien avant la chute de Mouammar Kadhafi. En lieu et place, des taxis et une flopée de minibus privés permettent de se déplacer en ville.

En 2010, face déjà aux embouteill­ages, le régime prévoyait la constructi­on d’un réseau de métro léger (métro automatiqu­e). A l’époque 100 000 véhicules, des minibus Iveco et des taxis assuraient les transports publics. Il y en a dix fois plus aujourd’hui. A cela s’ajoutent deux millions de véhicules particulie­rs en circulatio­n dans la capitale. Il y aurait donc trois millions de véhicules en circulatio­n dans Tripoli, pour une population de deux millions d’habitants.

Danger

Mais dans un pays en guerre, on voit mal comment un réseau de bus peut fonctionne­r. En premier lieu, bien sûr, il en va de la sécurité des voyageurs.»la situation aux abords de Tripoli, surtout en banlieue Sud, est mauvaise. Les tirs de roquettes aveugles sont imprévisib­les. Ce serait dramatique si une roquette tombait sur un bus transporta­nt une quarantain­e de passagers», explique un commerçant tripolitai­n.

En août et septembre dernier, des combats ont fait plusieurs morts dans le sud de la ville. Ainsi L’OMS avance le chiffre de 1 093 morts et 5 700 blessés depuis l’offensive des troupes du maréchal Haftar contre l’armée régulière du Gouverneme­nt d’union nationale (GNA) en avril 2019. Or l’entreprise de transport prétend relier le centre-ville à l’aéroport, distant de 25 km et surtout zone d’affronteme­nts réguliers.

L’accord signé avec King Long, le constructe­ur chinois des bus, prévoit l’importatio­n sur deux ans de 145 véhicules pour 13 millions de dollars. L’optimisme règne.

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