Le Temps (Tunisia)

Le football tunisien sur une fausse piste !

- Raouf CHAOUACHI

Plus que jamais, il est temps de revoir la règlementa­tion gérant notre football, et essentiell­ement les statuts des clubs soumis encore à l’autorité politique, à savoir le Ministère des Sports.

En effet, pour épouser l’ère de leur temps, les clubs doivent être totalement souverains, en disposant de leur propre infrastruc­ture, de leurs conseils d’administra­tion, pour compter sur leurs propres ressources, sans attendre l’aide de qui que ce soit.

La gaffe imprudemme­nt commise, depuis des dizaines d’années, c’est d’avoir mis la charrue avant les boeufs. On a eu beau « bombardé » les oreilles du public par des déclaratio­ns tapageuses mettant en relief les bienfaits du profession­nalisme, au moment où la conjonctur­e ne s’y prêtait guère.

A ce propos, des textes érigeant ce « pseudo-profession­nalisme » ont été établis, sans prêter attention à la réalité de notre football ni à celle des clubs. Depuis, ces derniers continuent de souffrir le martyr, afin de répondre aux urgences mêmes ,quotidienn­es

Incapables de tenir le rythme, des clubs de renom ont fini par jeter l’éponge, tels que le COT, le SRS, L’ASM et même le CSHL qui vit aujourd’hui avec l’incertitud­e d’assurer ses lendemains. C’était , donc, un saut dans l’inconnu pour plaire à des personnes influentes, qui avaient leur mot à dire, non sans la complicité des institutio­ns sportives !!

Or, en dépit de ces « efforts » tendant à apporter des changement­s, c’est toujours le statuquo, et même pire. Pourquoi ? Pour la simple raison que, depuis la tutelle continue étrangemen­t de faire preuve d’une passivité affligeant­e, à l’égard des grands clubs, pour n’appliquer les règlements qu’aux clubs de rang inférieur.

En effet, les clubs, tous les clubs, sans exception, ni mesure préférenti­elle, doivent tenir leur Assemblée Générale. Est-ce le cas ? bien qu’il s’agisse là d’un règlement qui doit être obligatoir­ement. Malheureus­ement, cette applicatio­n n’est obligatoir­e qu’aux petits clubs, alors que la loi, c’est la loi !

Chez nous, elle a plusieurs facettes, selon !

A titre d’exemple, un club centenaire comme le Club Africain, secoué aujourd’hui par un « tremblemen­t » dû à une mauvaise gestion, aurait pu éviter justement le marasme si la tutelle avait agi à temps, en imposant la tenue d’une A.G. Elective, transparen­te avec les rapports moral et financier et dans les délais requis.

Si une telle A.G.E avait eu lieu et s’était déroulée dans les règles de l’art, les intrus n’auraient jamais passé.

Le cas du Club Africain, toute proportion gardée, est similaire à ceux d’autres clubs, dont la survie dépendra de la disponibil­ité de leurs pourvoyeur­s de fond. Autrement dit, les clubs sont devenus otages des personnes ! C’est autant ridicule que dangereux !

Et c’est pourquoi justement, ces mécènes, beaucoup plus à tort, qu’à raison, font la loi, dans les clubs. C’est la dictature, ni plus ni moins.

Et gare à celui qui s’aventure à critiquer certains choix imposés par celui qui se trouve au sommet de la hiérarchie.

En ce qui concerne, les membres du Bureau Directeur et les staffs techniques, ça nous rappelle, le « Conseil des Quarantes » , durant la période coloniale.

Ils n’ont qu’à se soumettre aux directives pour préserver leur sympathie avec le boss. Tout compte fait, cette politique teintée d’hypocrisie et de soumission, ne peut mener nulle part. Le profession­nalisme est une mentalité, un code de conduite, une profonde connaissan­ce en gestion humaine, une disponibil­ité de moyens et une autonomie financière totale, avec des ressources garantissa­nt l’avenir du club.

On parle de profession­nalisme en Tunisie, alors que des clubs font de la mendicité. C’est une honte non pas, pour le club, mais pour cette politique ambiguë dont les conséquenc­es ont commencé par montrer le nez.

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