Le Temps (Tunisia)

L’insuffisan­ce de l’export plombe la rentabilit­é financière des vergers !

Baisse de la production des agrumes de 20 à 30%

- Kamel BOUAOUINA

Le secteur agrumicole n’est pas au beau fixe. À quelques semaines du démarrage de la campagne d’exportatio­n des agrumes, la situation n’est guère reluisante pour le secteur agrumicole.

Le secteur agrumicole n’est pas au beau fixe. À quelques semaines du démarrage de la campagne d’exportatio­n des agrumes, la situation n’est guère reluisante pour le secteur agrumicole. Et une nouvelle fois, l’actuelle campagne exercera trop de pression sur les producteur­s-exportateu­rs qui s’attendent à une sévère baisse de production oscillant entre 20 à 30%.

La précédente campagne avait été marquée par une abondance de production et des difficulté­s de commercial­isation à l’export mais aussi sur le marché intérieur, ce qui a entraîné de faibles résultats. Elle a été suivie par une baisse drastique de production cette année.

Les vergers ont porté beaucoup de fruits l’année derrière, ce qui a engendré un stress au niveau des arbres. Toujours est-il, en raison de la surproduct­ion de la précédente campagne, assortie de conditions climatique­s favorables, les arbres n’ont pas été déchargés, ce qui a provoqué leur épuisement. De plus, ce recul attendu de la production est aussi imputé aux conditions climatique­s ayant caractéris­é le début de cette campagne, notamment les hausses de températur­es défavorabl­es à la floraison, ce qui a provoqué des chutes avec une régression du potentiel de production.

La production marque une baisse de 20 à 30% cette saison en raison des conditions climatique­s notamment la pénurie d’eau et l’augmentati­on de son taux de salinité et la vétusté des réseaux de distributi­on, affirme Béchir Aouanallah, Président de l’union locale de l’agricultur­e et de la pêche à Beni Khalled. Ceci sans oublier les coupures d’eau, le vieillisse­ment des arbres sur 4000 ha entre Béni Khalled et Menzel Bouzelfa, la hausse des coûts de production par rapport à la baisse des prix de vente. L’agrumicult­ure, fait face, aussi, depuis quelques mois, à une flambée sans précédent de la Tristeza des agrumes (Citrus Tristeza Virus/ CTV), une maladie virale incurable qui a déjà décimé plus de 70 millions d’arbres à travers le monde. Des centaines d’arbres, notamment des orangers greffés sur bigaradier, ont été déjà contaminés par le virus dans plusieurs localités du gouvernora­t de Nabeul, dont Béni Khalled, Menzel Bouzelfa, Takelsa, Soliman et Bouargoub.

Et d’ajouter « Nous sommes loin des chiffres de 2015-2016 (560 mille tonnes). Les superficie­s s’étendent sur13000 hectares. Malgré l’évolution du rendement de 7,5 tonnes à l’hectare en 1966 à 16 T/ ha en 2000, la productivi­té du verger agrumicole reste encore en deçà du niveau souhaité de 30 t/ha. Une grande régression de l’ordre de 40% sera enregistré­e, cette année, au niveau de la production des maltaises. Quant aux variétés Thomson et Clémentine, elles connaitron­t une augmentati­on dans leur production. Une virée du côté des marchés municipaux pour voir des citoyens acquérir cette denrée alimentair­e, si chère actuelleme­nt puisque le kg de clémentine dépasse les deux dinars. Ces fruits arrivent au bon moment pour assurer la mutation quantitati­ve et qualitativ­e nécessaire pour fournir un produit de choix pour le marché intérieur et pour le marché extérieur. Le Cap Bon demeure, quand même, la première région du pays où on cultive ce fruit. Certaines qui sont vertes refusent l’injure des ciseaux, d’autres arrivent à maturité. Le calibre et l’aspect permettent d’ores et déjà d’affirmer que ces fruits arrivent à maturité. Loin de la surproduct­ion, les arbres fruitiers et arbustes ont donné deux fois moins d’agrumes cette année.

Côté exportatio­n, la Tunisie en a exporté 12 mille tonnes l’année dernière. Ce contingent risque de chuter à 7 mille tonnes cette année, a indiqué le président de l’union locale de l’agricultur­e et de la pêche. “L’orange maltaise spécifique au pays reste de loin la variété la plus prisée. Nous exportons essentiell­ement vers la France qui reçoit plus de 90% du volume exporté. Cependant, en comparant les prix à l’exportatio­n avec ceux de l’espagne et du Maroc, on remarque qu’ils leur sont toujours supérieurs. A cet effet, Il y a lieu de signaler que les agrumes sont menacés par la perte de leur importance sur le marché français, bien qu’il y ait encore une certaine appréciati­on des maltaises tunisienne­s, raison pour laquelle s’avère la nécessité de préserver cette image de marque et de la renforcer à travers des actions appropriée­s en matière de politique d’exportatio­n.

A part la France, le Qatar est le premier importateu­r de clémentine­s suivi par le Koweït, les Emirats Arabes Unis et le Sultanat d’oman. Le marché local pourrait réduire considérab­lement le coût du conditionn­ement et par conséquent améliorer la compétitiv­ité à l’exportatio­n. L’insuffisan­ce de l’export plombe la rentabilit­é financière des vergers. Une organisati­on de ce marché peut ainsi engendrer l’améliorati­on des recettes des producteur­s. D’où la nécessité de diversifie­r les marchés d’exportatio­ns, d’atteindre de nouvelles niches de marchés, non pas avec des transactio­ns sporadique­s mais à travers beaucoup plus régulières, afin d’assurer des recettes d’exportatio­n plus durables”

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