« L’élection présidentielle récente en Tunisie, ouvre de nouvelles pistes de réflexion…»
Daniel Soil a été diplomate belge (Wallonie-bruxelles) en Tunisie de 2008 à 2015. Aujourd’hui à la retraite, il est écrivain public bénévole et animateur d’une « table de conversation » fréquentée par des migrants de fraîche date qui veulent pratiquer le français. Parmi ses livres disponibles en Tunisie, notons « Parcours de cinéma » (CERES, 2010) qui explore les liens entre gens de cinéma tunisiens et belges. Et le tout dernier paru aux Editions Chama, « L’avenue, la Kasbah » dont la préface est signée par le grand Gilbert Naccache, écrivain tunisien, auteur de « Qu’as-tu fait de ta jeunesse », et « Vers la démocratie ?», pour ne citer que ces oeuvres.
Pour paraphraser Gilbert Naccache, le livre de Daniel Soil est « le regard d’un étranger de passage tombé amoureux du pays et de ses habitants, qui va dire le premier que la révolution, suprême transgression de l’ordre social, réintroduit l’amour, le possible et l’improbable, avec la poésie qui remplit le coeur de ceux qui se battent pour changer la vie … »
L’ancien diplomate qui a beaucoup oeuvré pour le rapprochement culturel et artistique entre la Belgique et la Tunisie, (il fait partie des amis de Adnen Helali, responsable du Centre culturel Mont Semmama), était parmi nous ces derniers jours, pour présenter « L’avenue, la Kasbah » à Tunis et à l’intérieur du pays.
Toujours aimable et coopératif, Daniel Soil a bien voulu nous accorder cet entretien, en attendant son prochain retour à l’occasion de la Foire du Livre de Tunis en 2020.
Le Temps : « L’avenue, La Kasbah », est-ce un roman d’amour et de fidélité à la Tunisie post – Rrévolution ? Selon Gilbert Naccache, Daniel Soil aura rendu un hommage appuyé à la Révolution, celle qui transforme toute la vie, dont le moteur, l’amour, est aussi l’objectif. Vous approuvez ?
-Oui, ce que j’ai vécu en Tunisie entre 2008 et 2015 s’est révélé être une expérience unique. Et si romanesque ! Je veux dire, si captivante à raconter, telle quelle, même si j’y insère en plus une rencontre amoureuse imaginaire.
*En filigrane, c’est un roman-reportage qui relate une histoire d’amour entre un Belge et une Tunisienne, au moment où le pays vit une étape cruciale de son destin ; période où vous étiez vousmême, témoin de tout ce qui se passait en Tunisie. Pourriez-vous nous en dire plus ?
-J’étais diplomate Wallonie-bruxelles, chargé, entre autres, de nouer des liens entre des animateurs associatifs tunisiens et belges. Cette mission m’a mis en contact avec beaucoup de personnes qui ont joué un rôle décisif le 14 janvier 2011 et après.
*Etes- vous d’accord avec Gabrielle Lefèvre, (critique belge), quand elle dit que les Tunisiens ont entre leurs mains l’avenir de tout le Maghreb, car ils ont montré qu’une autre citoyenneté progressiste moderne était possible?
-Tout à fait, même si l’effervescence qui règne en Algérie et au Maroc est aussi remarquable. L’élection présidentielle récente en Tunisie ouvre de nouvelles pistes de réflexion, qui intéressent tout le monde : quelle démocratie ? Quelle participation ? Quelles formes nouvelles d’expression politique ?
*Dans les nombreuses photos que vous avez prises au cours de votre séjour, aucun détail ne vous a échappé : du droit de débattre à celui de s’associer, jusqu’aux « assises » et autres initiatives, en passant par les portraits des blessés du soulèvement. Tout y est. Est- ce autour de ces prises de vue que vous avez construit votre roman ?
-Il est vrai que ces photos m’ont aidé à construire le roman. En littérature, il faut toujours préférer les détails aux généralités. Et les photos peuvent nourrir le livre. En retour, « L’avenue, la Kasbah » se révèle très visuel et pourrait – peut-être – inspirer un cinéaste !
*Après l’éditeur belge MEO, vous avez traité pour la version tunisienne, avec les Editions Chama. Quels sont les problèmes rencontrés si vous en avez eu ?
-Pas de problèmes ! Que du bonheur à travailler avec Gilbert Naccache et Mohamed Lamine Nsiri,
animateurs des Editions Chama. Nous formons une belle équipe pour donner de l’expérience démocratique tunisienne, l’image la plus captivante.
*Votre livre est actuellement disponible dans les librairies tunisiennes après sa sortie au mois de septembre dernier en Belgique et précisément à Bruxelles où il a été présenté chez Librebook. Quelques rencontres avec le public ont été programmées à Tunis, Bizerte et Sfax. Et pas dans d’autres localités, pourquoi ?
-Les responsables de Chama Editions songent à une tournée dans plusieurs régions au centre du pays, loin des grandes villes. On y réfléchit pour mars 2020, juste avant le Salon du Livre de Tunis.
*Qu’attendez-vous des lecteurs tunisiens qui vivent encore sous la tension de la transition démocratique ?
-Les trois rencontres qui viennent de se dérouler autour de « L’avenue, la Kasbah », montrent le formidable engagement qui a cours ici en faveur de l’avenir du pays, à la suite de la récente élection présidentielle. De ce point de vue, la parution du roman – qui rappelle le soulèvement de 2011 - tombe à point nommé !