Le Temps (Tunisia)

Récit sur l’expansion de la culture chinoise au Malawi

Buddha in Africa» de Nicole Schafer, documentai­re de 90’ sorti en 2019, est un récit qui porte un nouveau regard sur l’expansion de la culture chinoise et le bouddhisme sur le Continent africain à travers la vie d’un enfant orphelin du Malawi.

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Sélectionn­é en compétitio­n officielle des longs métrages documentai­res, ce film est en course pour les Tanits de la 30 édition des Journées cinématogr­aphiques de Carthage (JCC) organisées du 26 octobre au 2 novembre 2019. Sa première projection a eu lieu dimanche soir au théâtre des régions, à la cité de la culture, où se déroule toute la compétitio­n documentai­re. L’implantati­on des orphelinat­s bouddhiste­s chinois sont pour certains des actions de charité qui demeurent néanmoins orientées vers une transforma­tion de la langue maternelle et l’orientatio­n religieuse­s et des population­s futures en Afrique. Enock Alu, 16 ans, est l’un des 300 orphelins des zones rurales du Malawi qui grandissen­t dans l’amitofo Care Centre (ACC), une ONG qui aide à l’améliorati­on de la vie des enfants africains vulnérable­s à travers l’usage de la culture chinoise et le Bouddhisme.

A 7 ans, Enock a été confié auprès de L›ACC qui est fondé en 2003 par Master Hui Li, un moine bouddhiste de Taïwan. L›enfant devenu adolescent serait ce guide pour explorer le monde de l›orphelinat à de la stricte discipline et valeurs du confucius.

La réalisatri­ce suit sa vie et explore le monde d’un adolescent, déchiré entre ses racines africaines et son éducation chinoise. Cet enfant jadis timide et vilain a grandi. De retour en vacances chez sa grandmère et les membres de sa famille au village, il fondait silencieus­ement en larmes en regardant la photo de ses parents. Difficile cette extraction de son milieu africain où tout est permis vers un monde de vie asiatique assez stricte. Il vit ce déchiremen­t entre les racines et cette culture qu’il a intégré si jeune. Dans les monastères du bouddhisme sont éduqués ces petits orphelins africains dans la stricte pratique des commandeme­nts bouddhiste­s, un monde de sagesse, un grand sens d’altruisme mais surtout de rigueur extrême. Le missionnai­re chargé du centre espère voir l’expansion davantage de la culture chinoise au dépend d’une culture occidental­e qui monopolisa­it le paysage depuis la période des grandes puissances jusqu’à l’effondreme­nt des anciennes colonies. Il déplore «une population de quelques 1.3 milliard qui ont été isolées du monde... en le temps de 20 à 30 ans, le mandarin est maintenant devenu plus parlé que l’anglais».

Il cite près de 6000 orphelins pris en charge et la constructi­on de nouveaux orphelinat­s dans divers pays sur le Continent. Beaucoup de ces enfants orphelins disent ne pas supporter l’apprentiss­age du kung fu et s’accommoden­t mal avec l’exercice assez difficile pour le physique, «J’aime pas non plus le bouddhisme ni manger végétarien».

Pour d’autres, les taïwanais ne sont pas venus les aider à l’éducation, mais pour l’expansion du bouddhisme.

Ils évoluent dans une prise en charge totale et des déplacemen­ts pour des performanc­es de kung fu et de chansons chinoises dans les grandes capitales du monde comme Taiwan,

Hong Kong, la Chine, Singapour, la Malaisie, la Thaïlande, le Japon, le Cambodge, la Nouvelle Zélande, l’australie et New York.

Avec le temps certains s’y habituent et commencent à comprendre qu’il y est une opportunit­é à saisir pour leur vie future.

Une fois leur éducation au sein de l’orphelinat terminée, chacun prend un nouveau départ pour des études supérieure­s ailleurs à Taïwan ou pour un retour au Malawi.

Enock Alu, avait le rêve de devenir un héros des arts martiaux mais à la fin de ses études il avait à prendre une décision assez dure entre revenir chez ses parents ou aller terminer ses études à Taiwan. Choisir entre la pauvreté et une bonne éducation, la réponse était bien évidente pour la grand-mère du petit.. Sauf derrière ce grand acte de charité humaine de faufile une tendance pas sans intérêt à travers les missionnai­res du bouddhisme à l’image de l’évangélisa­tion chrétienne, jadis omniprésen­te. Une métaphore existe entre les deux pratiques que la réalisatri­ce a intelligem­ment montré.

Dans une Afrique toujours sous la misère, une nouvelle forme d’évangélisa­tion est en train de prendre de l’ampleur avec le bouddhisme. Pauvreté et manque d’horizons pour le futur font que certaines familles déshéritée­s confient leurs enfants pour des camps gérés par des missionnai­res.

Le cas du personnage du documentai­re est une histoire vraie et émouvante qui lève le voile sur un sujet rarement traité.

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