Ennahdha commence à lâcher du lest
Désignation d'un Chef du gouvernement indépendant :
Après avoir exprimé son attachement à nommer une personnalité issue de ses rangs à la tête du prochain gouvernement, le mouvement islamiste Ennahdha s’apprête à faire un pas en arrière pour tenter de satisfaire les exigences de ses alliés potentiels, notamment le mouvement Echaab et le Courant démocratique.
L’idée de la désignation d’une personnalité indépendante pour diriger la nouvelle équipe gouvernementale n’est plus taboue au sein même du parti vainqueur des dernières législatives.
Après avoir exprimé son attachement à nommer une personnalité issue de ses rangs à la tête du prochain gouvernement, le mouvement islamiste Ennahdha s’apprête à faire un pas en arrière pour tenter de satisfaire les exigences de ses alliés potentiels, notamment le mouvement Echaab et le Courant démocratique.
L’idée de la désignation d’une personnalité indépendante pour diriger la nouvelle équipe gouvernementale n’est plus taboue au sein même du parti vainqueur des dernières législatives.
Certains dirigeants d’ennahdha ont en effet évoqué à demi-mot ou de façon explicite la possibilité d’une reculade à ce sujet. C’est notamment le cas d’ali Larayedh, vice-président du parti et membre de l’équipe chargée de mener les négociations avec d’autres partis pour former une coalition gouvernementale.
«Le conseil de la Choura a décidé que la personnalité qui aura à former le gouvernement et à le présider doit être issue des rangs des mouvements Ennahdha. Il n’a pas cependant désigné officiellement cette personnalité, ce qui laisse la porte ouverte à d’autres options», a-t-il souligné. Mohamed Ben Salem, un autre dirigeant du parti islamo-conservateur, a été plus explicite à ce sujet. «Rached Ghannouchi et d’autres dirigeants nahdhaouis qui étaient favorables au consensus avec Nidaa Tounes ne sont pas en mesure de gouverner le pays durant la période à venir», a-t-il déclaré à la radio privée,
Diwan FM, indiquant qu’il n’est pas contre la désignation d’une personnalité indépendante à la tête du gouvernement. M. Ben Salem a également estimé qu’«il n’est pas nécessaire que le Chef du gouvernement soit issu des rangs d’ennahdha», tout en notant que les futurs partenaires potentiels d’ennahdha comme le mouvement du Peuple, Tahya Tounes ou le courant démocratique doivent absolument avoir leur mot à dire dans le choix du futur capitaine du navire.
Le député et membre du Bureau politique d’ennahdha, Samir Dilou, avait déjà annoncé le 10 octobre dernier, que la formation islamiste est favorable au choix d’une compétence économique politisée comme chef de gouvernement. «Le prochain chef du gouvernement doit être compétent dans le domaine économique, politisé mais n’appartenant à aucun parti politique», a-t-il souligné, indiquant que le caractère politisé du prochain chef du gouvernement l’aidera à avoir une assise politique solide et à bénéficier du soutien du maximum de partis politiques et d’organisations nationales.
Selon les analystes, les positions de Dilou et Ben Salem et, à un degré moindre, d’ali Larayedh sont très révélatrices des luttes intestines larvées qui traversent le mouvement Ennahdha et intimement liées à la bataille de succession de Rached Ghannouchi qui n’aura plus la possibilité de présider aux destinées du parti, à l’issue du 11ème congrès prévu durant le deuxième semestre 2020.
Ainsi, une session extraordinaire du conseil de la Choura pourrait se tenir dans les semaines à venir pour avaliser le choix d’une personnalité indépendante à la tête du gouvernement. Cette reculade pourrait alors être présentée comme étant une concession majeure de la part d’ennahdha et renforcer les chances de Rached Ghannouchi de se hisser au perchoir de l’assemblée des représentants du peuple (ARP). D’après les experts, la concession attendue de la part d’ennahdha permettrait de rassurer les autres partis ainsi que l’opinion publique et les bailleurs de fonds internationaux sur la volonté du mouvement islamo-conservateur de faire passer l’intérêt de la Patrie avant celui du parti.
Les futurs alliés probables d’ennahdha défendent ou, du moins, acceptent l’idée de la nomination d’un chef du gouvernement non affilié à un parti politique et ayant le profil d’un économiste. Le Courant démocratique a été le premier à avoir plaidé pour la nomination d’une personnalité indépendante à ce poste afin de l’éloigner des tiraillements politiques.
Le Mouvement du peuple et Tahya Tounes ne voient pas d’un mauvais oeil cette option.